L'ÉTÉ MEURTRIER
Lorsque les frères Montecciari descendaient sur la place, sur le coup de six heures, faire leur partie de pétanque, c’était à chaque fois comme si le village engourdi par le chant des cigales se réveillait d’une trop longue sieste estivale. Des volets s’ouvraient, des gens sortaient de chez eux et venaient s’agglutiner à l’ombre des platanes, les caquetages des commères reprenaient mais c’étaient surtout les porteurs de gapettes et de marcels, les individus de sexe masculin qui venaient assister à la joute boulistique. Ce n’était pas parce que Pin-Pon, Mickey ou Bou-Bou jouaient comme des chefs qu’on prenait une heure de son temps pour suivre les évolutions de huit boules et d’un cochonnet sur le gravier. C’est surtout que le garagiste-pompier, l’aîné, Florimond, qu'on surnommait Pin-Pon, venait de se marier avec Celle-là, une estrangère de vingt ans d’âge, jolie comme un coeur, le coeur sur la main et qui faisait copain comme cochon avec tous et toutes, même avec Mademoiselle Die