Cet imbécile d'Hermès (Défi du samedi n° 873)





Hermès, c’est le dieu des commerçants et, dans le même temps, c’est le dieu des voleurs ! Comment est-ce possible ? Je ne comprends pas.

Et justement l’hermétisme c’est quand on est fermé devant certaines choses. Ça ne vous atteint pas parce que vous n’avez pas les clés pour comprendre.

Les Illuminations de Rimbaud, l’art contemporain, l’humour au 33e degré, les phrases de Marcel Proust, les poèmes de Stéphane Mallarmé, le fait de jouer du piano suspendu à une grue à 40 mètres du sol, qu’est-ce que ça nous apporte à nous à part le fait d’éprouver le sentiment, face à certains individus, d’être des Béotiens. Et si c’étaient eux, en fait, les neuneus ?

Même au niveau de la chanson, il m’arrive d’interpréter des textes complètement insensés. Pas plus tard que mercredi j’ai interprété, a capella, « La Photographie », de Pauline Carton. Je me suis dit que j'allais faire un flop.

C’est une chanson relativement insi-stu-pide qui décrit la façon dont on développait les photographies en laboratoire au siècle dernier. Je connais bien ça, tout ce qu’on fait dans une chambre noire, parce que j’ai pratiqué ce sport moi-même avant que n’apparaissent sur le marché les appareils photo numériques.

Cette chanson n’a plus de raison d’être et devrait sembler hermétique à tous les gens qui opèrent désormais avec un téléphone pour faire dire « ouistiti » ou « cheese » afin d’obtenir des sourires sur les portraits qu'ils peuvent voir immédiatement sur leur écran.

Eh bien quand j’ai eu terminé d’énoncer cette notice technique en forme d’ariette toutes les dames présentes ont éclaté de rire et ont repris de plus belle ensuite leur déroulé de chanson paillardes !

Je n’ai rien compris à la chose. Il y a un sens caché ou quoi ? J’ai beau m’agiter le bocal, je ne comprends vraiment pas pourquoi j’ai eu l’air d’un cornichon ce jour là !




Tête de gondole ! (Défi du samedi n° 872)


Je ne suis pas ici pour raconter la vie de Joe Krapov, mon double internautique, mais il se trouve qu’il est poète à ses heures et photographe à 16 h 30.

A ce titre, sans être Jivaro, il détient une belle collection de têtes, enfin de portraits dont il ne peut pratiquement rien faire parce que tout le monde dispose d’un droit à l’image et n’a pas forcément envie de voir sa binette sur Internet. Quoique !

Mais cessons de jouer les Alain Delon – il est mouru ! – et parlons à la première personne venue, c’est à dire, vous !

Je possède aussi une belle collection de gondoles. Depuis mon adolescence je voue une passion sans bornes à la ville de Venise et à son compositeur le plus emblémasthmatique, Antonio Vivaldi.

Voilà pourquoi, le jour où j’ai mis les pieds à Venise pour la première fois, j’ai mitraillé comme un malade. C’était en 1993. J’y ai pris cette photo dont je ne suis pas peu fier.





J’y suis retourné en 1997 puis en 1998. Je vous gratifie aujourd’hui d’une cinquantaine de gondoles photographiées ici et là dans la Sérénissime lors de ce dernier séjour. J’ai illustré ce diaporama avec "Pincherle 16". C’est le concerto le plus époustouflant de Vivaldi : il est écrit pour deux violons (in tromba marina), deux flûtes à bec, deux mandolines, deux chalumeaux, deux théorbes, violoncelle, cordes et basse continue.

Bonne écoute à vous et bonnes balades sur les canaux !






Jamais en repos ! (Défi du samedi n° 871)

On peut dire ce qu’on veut d’Archibald H. mais dès qu’il s’agit de lancer une bordée d’injures, il ne chôme jamais !



Pas encore tout à fait amnésique.16, Épistolier, épistolière (Défi du samedi n° 870)

Je me souviens de Théophraste Epistolier. C’était un des pseudonymes d’Yves Frémion. Il l’utilisait dans les colonnes du magazine "Fluide glacial". Il signait aussi Les Frères L. et D. Corson de Rojayheart et Yves Frémion de la Fermez !

Je me souviens de la marquise de Sévigné qui a écrit des tonnes de lettres à sa fille qui était partie habiter dans le Sud, à Grignan, sans doute pour échapper aux incessants bavardages de sa mère. Manque de bol il y avait déjà à l’époque un embryon de poste. Pas moyen de savourer en paix le petit travail tranquille qu’elle s’était trouvé dans un cadre plus ensoleillé et plus luxueux.



Je me souviens d’avoir visité et ce château de Grignan et ce château des Rochers près de Vitré d’où la marquise « Tout va très bien sauf que ...» écrivait chaque jour, juste avant de sortir à cinq heures pour promener son chien qui était une chienne.

Ah la la ! Pauvre Marie (de Rabutin)-Chantal ! Comme tu aurais été heureuse aujourd’hui à l’heure du forfait illimité et des groupes WhatsApp ! Et comme eût été malheureuse sa fille Françoise, croulant sous les notifications !

Je me souviens que « Les Liaisons dangereuses » de Choderlos de Laclos sont un roman par lettres. Je ne l’ai jamais lu ni n’ai vu les adaptations cinématographiques tirées de cette intrigue au « pitch » bizarroïde. C’est un peu comme « Mademoiselle de Joncquières » en plus puissant ?

Je me souviens des « Lettres persanes » de Montesquieu avec Rica et Tartempion mais j’ai eu besoin d’aller demander à Madame Wikipe comment s’appelait Tartempion parce que j’avais oublié qu’il était Usbek. « Il est où l’Usbekistan ? demande le canard Donald. Si ce n’est pas trop loin, je l’envahis pour piquer ses métaux précieux et installer une Riviera à la place !». Cette oeuvre pose la question fondamentale : comment peut on être Persan, hypermnésique et ne pas bombarder un jour ou l’autre son voisin de palier ?

Je me souviens de « Monsieur le Président, je vous fais une lettre » de Boris Vian. La chanson s’appelait « Le Déserteur » et il y a sans doute débat pour savoir s’il – le déserteur - n’aura pas d’arme et qu’ils – les gendarmes- pourront tirer ou s’il en a une et qu’il sait s’en servir.

Je me souviens que Renaud Séchan a repris la formule dans une de ses chansons mais je préfère oublier ce qu’il en a fait. Du reste j’ai oublié ce qu’elle raconte. Les délires autour de « Tonton » Mitterrand sont déjà hors d’âge et hors de propos. J’ai lu pas plus tard qu’hier qu’il avait déclaré à propos de Serge Gainsbourg : « Par son amour de la langue et son génie musical, il a élevé la chanson au rang d'un art qui témoignera de la sensibilité d'une génération ».

"Je t’aime moi non plus", "Guerre et pets", "nazi rock", "Sea, sex and sun", "Les Petits boudins", "Lemon incest" ? Ne généra-tionna-lisons pas quand même !

Par contre je me souviens qu’« En relisant ta lettre » est un chef d’oeuvre d’écriture et d’humour et que le poinçonneur des Lilas ne voit briller, dans son ciel de faïence… que des correspondances !



Je n’ai évidemment lu que des extraits de l’Épître aux Corinthiens de Saint-Paul, ceux qui sortent de la bouche de mon théologien modèle réduit préféré, Linus Van Pelt dans les « Peanuts » de Charles M. Schulz. Je me suis aussi beaucoup régalé des lettres de refus d’éditeurs reçues par Snoopy et des nombreuses cartes de Saint-Valentin qu’on lui adresse alors que Charlie Brown peut se brosser ce jour-là. Messieurs, n’attendez jamais rien des petites filles rousses ! Elles veulent toutes devenir femmes de lettres ou critiques à Télérama pour mieux dénoncer ce pas rigolo de Pierre Perret qui n’a rien fait qu’à se moquer des postières.

J’ai bien ri aussi avec les jeux de lettres de George Sand et Alfred de Musset, sans être certain qu’elles ne soient pas des canulars commis par d’autres : 

Évidemment, qui dit lettre dit lettre anonyme et du coup ça renarde très vite le corbeau du côté de chez Clouzot (Henri-Georges, pas l’inspecteur !)

Je me souviens encore un peu d’une « Lettre à la petite amie de l’ennemi public n° 1 » de Jacques Higelin et de Dame Poupoune, la reine du polar, qui aurait pu nous la chanter parce qu’elle la connaissait par coeur comme toutes les chansons de son Jacquot adoré.

Je me rappelle bien « Écrire à Rimbaud ?» une série de lettres que j’ai pondues en 2017 et publiées sur le Défi du samedi et à laquelle le poète carolomacérien n’a jamais répondu. Quel malotru, celui-là, alors !

Je pourrais terminer en chantant « Ma chère maman je vous écris que nous sommes entrés dans Paris », la lettre du Pelot d’Hennebont, un genre de comique troupier précurseur très prisé en Bretagne où l’on adore aussi « La Blanche hermine » mais j’ai assez écrit de mal comme ça déjà des Tri Yann cette semaine.

Pour les ceusses et celles qui aimeraient les chants militaires du genre « Aux armes, etc. » la voici :