Lambrisons-là ! (Défi du samedi n° 877)





Chaque mot plus ou moins scientifique proposé par le maître du Défi est toujours l’occasion pour moi de faire voler encore plus bas « la fiente de l’esprit » d’après Victor Hugo, à savoir manier le calembour avec joie. « C’est comme les cochons », ajouterait Jacques Brel.

C’est que voyez vous, je n’ai jamais posé de lambris à Meaux. Et de mon ignorance en matière de lambricolage, je ne vais pas faire tout un fromage. Tout le monde a ses limites. Je connais un dentiste qui ne sait pas jouer au lambridge. Marcel Proust n’a jamais compris pourquoi les éditeurs lui disaient : "Écrivez plus lambrièvement » !

Dans « Les Lambrigands » d’Offenbach y a-t-il quelque chose d’étonnant à ce que les carabiniers arrivent toujours en retard ? Surtout en sachant que Georges Moustaki n’a jamais lambrigué autre chose qu’un hamac !

Je ne suis pas du genre à aller sur les lambrisées des contempteurs énervés. Je tolère tout ! Peut me chaut que Lambrigitte Macron soit LGBTQIA+WXCVBN ! Ce n’est pas grave si Jane Birkin était lambritannique, ça avait son charme.

Les idées politiques de Lambrigitte Bardot, je m’en fiche comme de ma première robe Vichy ou de ma première bouteille de lambrillantine !

Qu’elle agite sa loque à poussière, sa serpillière ou sa wassingue en Belgique ou dans les Hauts de France, que la gueuse lambrique ou pas, ce n’est pas mon problème !

L’important c’est que c’est l’été, les vacances : je vais enfin pouvoir bosser pour moi seul… ou ne rien faire. Je vais même peut-être aller réemprunter à la bibliothèque le DVD de « Lambrigadoon » !

Exister une fois tous les cent ans et avoir la paix le reste du temps, voilà qui me plairait bien aussi !





Musique funéraire pour banc de crevettes (Défi du samedi n° 876)




Vaste lueur sépulcrale,
Avant de nous trouver
Bouffés par de plus gros,
Plus voraces que nous

Laissez nous, - pauvres krills ! -
Nous souvenir, tranquilles,
Des pauvres barcarolles
Du temps de notre enfance !

Ne nous accablez pas
De vos karaokés
Où toujours caracolent,
Sinistres cas d’école,
Aznavour et Sardou
Qu’il nous est dur d’entendre !

Dies irae, dies illa !
Pas plus d’îles lointaines
Que de filles alanguies
Ou de colliers de fleurs
Ni même de couronne
Là où Neptune trône !

Nous refusons qu’on nous emmène
Au son d’« Hallelujah »
De Leonard Cohen
Dans le ventre de la baleine
Qui reprendrait à perdre haleine
L’heureux frein de notre existence
Décliné en lyriques stances
Auxquelles, parmi notre troupeau,
De fait, personne n’entend mot !





Écartez l’Amant de Saint-Jean !
« C’est du passé, n’en parlons plus ! »
Si, justement !
Nos funérailles et puis antan !

S’il n’y a plus d’après
A Saint-Germain-des-prés
C’est que c’était bien mieux avant,
Quand nous étions enfants,
Rêveurs, adolescents,
Métèques inconscients,
Simples amis de Georges
Et de son vieux Léon
Porteur d’accordéon.

Laissez Françoise Hardy
Et son amie la rose
L’espace d’un matin
Disserter sur les choses !

Faites taire toute parole
Et toute voix de casserole !

S’il s’agit de trouver sommeil
Dans cette immensité marine
Je ne sais plus pure merveille,
A l’instant tragique où l’on clamse,
Que la petite berceuse de Brahms
Aux sonorités cristallines.




S’il s’agit de dire « Et puis zut !»
Empruntons cet air de « La Flûte » :
Les clochettes de Papageno
Feront danser les bigorneaux !


Elles sont à 3 h 13 ' et 40 "

S’il faut s’abstenir de querelle
Et reconnaître l’existence
D’une culture télévisuelle
- Pauvre dernier lien entre nous ! -

Entrant au monde du silence,
Conjuguons, à bouche fermée,
A l’indicatif de l’absent,
Les mélodies de Vangelis
- Ben oui, le Papathanassiou ! -
Puisqu’il s’agit tout là-dessous,
Dernier récif à la Rossif,
D’apocalypse d’animaux

Ou, un peu au-dessus de ça,
S’il faut plonger en transparence,
Cet air, bien plus de circonstance,
De la matrice Thalassa !




Jubilations mandoliniennes (Défi du samedi n° 875)

Marina Bourgeoizovna qui est à la fois mon épouse devant les hommes et mon étoile filante devant les constellations s’adonne quelquefois à des activités de conteuse pour enfants dans une école de Rennes.

Il paraît que ça les calme, les mômes. Elle, je ne sais pas. Elle en revient chaque semaine avec des stupéfactions grandissantes d’avoir entendu dans la bouche des petiots des choses comme « Ça ne sert à rien, d’écrire ! ».

Écrire ? Si, ça sert à faire rire !

Je ne suis pas ici pour raconter ma vie mais moi, de mon côté, j’anime depuis de nombreuses années un atelier d’écriture qui a pour effet d’emmener dans le silence pendant une heure des dames dont la plupart ont l’âge d’être les grands-mères des mioches précédemment cités.

Pour calmer les enfants et faire taire les piapiateuses, il n’y a rien de tel que les images. Comme on nous disait autrefois : «Sois sage et tu auras une image !».

Dernièrement j’ai utilisé pour animer cet atelier celles d’un jeu de société collaboratif appelé "Le fil rouge : dans leurs regards ".





Il s’agissait, collectivement, de remettre dans l’ordre chronologique les scènes muettes d’une soirée de réveillon puis de décrire toute la suite d’événements du point de vue d’un seul et même personnage.

Je crois bien que c’est la séance d’atelier d’écriture qui a procuré à son animateur la plus grande des jubilations. Les écrivantes n’étaient pas non plus dans une désespérance profonde même si les images du jeu et les textes qui en sont nés sont profondément ancrés dans le réel. On a bien ri ce jour-là dans la salle Mandoline de la Maison de quartier de Villejean. En témoigne l’enregistrement ci-dessous.


P.S. Il paraît qu’en espagnol « retraite » se dit « jubilación ». J’en profite pour souhaiter une bonne « jubilación » à ma collègue Isabelle qui met un terme à la fin du mois à son travail de « servante du château ».



Pas encore tout à fait amnésique. 17, Continuer impair-turbable (Défi du samedi n° 874)



Il y a 1 taxi pour Tobrouk et hun seul Attila qui, lui, y allait à cheval.

Il y a 3 mousquetaires, trois petits cochons, trois jeunes tambours, trois marins de Groix, les trois Grâces, les trois Parques, le lecteur de MP3 qui a remplacé les disques 33 et 45 tours et les mini K7. Il y a aussi ce fameux trois mâts fin comme un oiseau, Santiano.

Il y a 5 doigts de la main, le club des cinq d’Enid Blyton, cinq pépins d’oranges chez Sherlock Holmes et le Chanel n° 5 qui servait de pyjama à Marilyn Monroe.

Pour faire la transition, il y a Cléo. "Cléo de 5 à 7" d’Agnès Varda.

Il y a les 7 merveilles du monde, les sept péchés capitaux, les bottes de sept lieues, le clan des sept d’Enid Blyton, les 7 mercenaires, le jeu des sept familles, les sept nains de Blanche-Neige, les 7 boules de cristal, les sept collines de Rome : le Quirinal, le Juvénal, le Gardénal, l’Aventin, le Palatin, le Plaisantin, le Capitole (Ah non, ça c’est à Toulouse ! ).

Il y a les neuf muses, le chat à neuf queues, les neuf symphonies de Beethoven et autant chez Dvořák.

Il y a Raoul de Godewarsvelde qui chante dans « Quand la mer monte » « On s’retrouve chez Léonce on est onze ».

Il y a eu Achille Zavatta et « Le Trésor des treize maisons » dont je me demanderai toujours s’il est un décalque du « Mystère des douze chaises » d’Ilf et Petrov ; « Le 13 est au départ » est une aventure de Michel Vaillant dessinée par Jean Graton ; « La Morte survit au 13 » est un roman de Stanislas André Steeman qui a aussi écrit « Un dans trois » et dont on reparlera plus bas vu que c’est un auteur de polars qui compte.

Il y a ce jeu stupide où l’on se compte quinze point à chaque fois qu’on croise un barbu. Il y a aussi « Quinze marins sur le bahut du mort », une chanson de Michel Tonnerre qui fait référence à « L’Île au trésor » de Stevenson.

Il y a eu, chez Citroën, la DS 19.


Ben oui, évidemment, « L’Assassin habite au 21 » du même S.-A. Steeman.

Il y a des gens qui s’appellent 23. Comme le cardinal André Vingt-Trois. Il y eu aussi Pie VII mais pas Pie 3,14 chez les saints pairs ou impairs.

Il y a « La 25e heure » de Virgil Gheorghiu et « Le Troisième homme » de Graham Greene, « Surcouf le tigre des sept mers », un film avec Gérard Barray.

Il y a des gens qui se mettent sur leur 31 pour fêter l’an 9 à la Saint-Sylvestre. D’autres qui chantent « Au 31 du mois d’août » pour pouvoir dire merde au roi d’Angleterre !

C’est chez le docteur qu’on dit 33 et qu’on n’est pas loin de payer la même somme quand on consulte.

Il y a « Les 39 marches » de John Buchan qui ont été portées à l’écran par Alfred Hitchcock. J’ai dû quand même vérifier la date pour pouvoir dire que c’est antérieur… à la guerre 39-45.

« Les Quarante-cinq » est un roman d’Alexandre Dumas qui parle – ou pas ! - de l’assassinat du duc de Guise.

51, c’est un sacré pastis !

Il y a « Les 55 jours de Pékin » un film que je n’ai pas vu donc je ne vais pas chinoiser sur sa valeur.

Il y a 63 cases sur le plateau d’un jeu de l’oie.


Il y a 69 qui, à défaut d’être l’année la plus chaude de tous les temps, a été une année sacrément érotique, paraît-il.

C’est de 7 à 77 ans qu’on peut lire « Le Journal de Tintin » mais en vérité il n’y a pas de limite d’âge pour ce vice impuni.

Il y a 89 ou 1789 qui est la date de la Révolution française.

Il y a 91 qui est le produit de 7 x 13, deux nombres premiers et qui ne l’est pas pour autant puisqu’il a deux multiples. Comme quoi les chats font parfois des chiens !

Il y a « Quatre-vingt-treize », qui s’écrit pour le coup « Quatrevingt-treize » un roman historique de Victor Hugo qui était lui même surnommé « Totor la terreur » !

Il vaut mieux être riche à millions que se retrouver 101, surtout s’il faut en plus nourrir les 101 dalmatiens d’oncle Walt !

Contrairement à ce qu’affirme une légende urbaine très vivace,Louis Aragon n’a jamais écrit « Que serais-je 103 ?».

N’ayons pas peur de le dire : face à la droitisation et au vieillissement de ses premiers ministres, la France a besoin de 109 !

Il y a un numéro d’urgence, le 115 qui permet de reloger les millionnaires qui se retrouvent 101.

Il y a OSS 117, James Bond 007 et l’agent secret X-9.


Il y a eu la 205 Peugeot.

Il y a « Pacific 231 » une œuvre musicale d’Arthur Honegger d’après « La Bête humaine » d’Emile Zola.

Il y a eu « La 317e section » un film de guerre de Pierre Schoendorffer avec Jacques Perrin ; mais à ce propos, où est donc passée la 7e compagnie avec Pierre Mondy ? Ces rigolos ont-ils égaré leurs 12.7 et leurs 6.35 ?

Il y a 365 jours dans l’année sauf une fois tous les quatre ans quand il y a 29 jours en février.

Il y a l’impair-méable de Colombo et sa célèbre Peugeot 403.

Il y a le 421 qui est un jeu de lancer de dés assez misogyne : quand on fait 221, qui est le nombre de points le plus faible qu’on peut y obtenir, on appelle ça « faire nénette ».

Il y a « Fahrenheit 451 » un roman de Ray Bradbury porté à l’écran par François Truffaut.

Revenons dans le domaine militaire pour mentionner le 503e Régiment de chars de combats de Mourmelon-le-Grand dans lequel Joe Krapov a fait ses classes mais tout le monde s’en fout et moi aussi, à juste titre !

Il y a eu le Boeing 707 puis le 747 puis la Peugeot 203, puis la Renault 5 mais désormais tout le monde roule à vélo ou en trottinette sur les trottoirs des grandes villes.

Il y a « 813 » qui est une aventure d’Arsène Lupin narrée par Maurice Leblanc.


Peut-on mettre ici, sous 847, « Le Train de 8 h 47 » de Georges Courteline ?

Il y a 999 qui est le titre d’un album du groupe Aphrodite’s Child quand on tient la pochette à l’envers.

Il y a les « Contes des mille et une nuits », des histoires à dormir debout racontées par une aristocrate russe, Shéhérazade de Rimsky-Korsakov.

Il y a 1515 qui est une bataille célèbre mais personnellement je préfère la manille anonyme. Ça s’est bien castagné entre la France et l’Italie mais je ne sais plus où c’était. Je sais juste que les soldats étaient fort marris de se prendre des gnons.

Il y a « 2001 l’odyssée de l’espace » de Stanley Kubrick et "Le  11 septembre 2001 » d’Oussama Ben Laden. 

Il y a commettre un impair qui est moins grave que commettre un crime comme ci-dessus.

Il y a aussi impair-tinence, un qualificatif pour un mec gonflé qui publie un article non revu par ses pairs.

Et qu’est-ce qu’on vous sert pour terminer ? Une 33 export ? Un Label 5 ? Un Get 27 ?

Bouclons la boucle : au jeu de tarot le 1 s’appelle le petit et il rapporte plus de points quand on le « mène au bout », qu’on le pose en dernier. De la même manière, quand on termine son délire mémoriel, arrivé au bout de sa phrase on pose un point.

Final et bienvenu !