Mais il veut rire, l’oncle Walrus ? Il ne manque pas d’air en espérant me voir jeter sur le papier un long texte bien étiré sur ce rite imbécile qui consiste, aux mariages, à retirer avec les dents la jarretière de la mariée !
Ce n’est pas que je redoute l’ire de nos amies écrivantes, que je craigne qu’on me jarte de ce bienheureux terrier du Défi où il fait bon être. Que je me tire à l’autre bout de la terre, sur les bords du lac Erié, ou que je veuille me mettre au vert en Eire ou à Jarrie en Isère n'est pas dans mes projets ; mais jouer le reître masculiniste à nouveau en évoquant avec plaisir et salacité ce qui se situe au-dessus du rohmérien genou de Claire ou sous les souchoniennes jupes des filles, cela fait de ma part l’objet d’un rejet certain.
Tant pis si l’on rit de moi mais désormais ma parole sera rare, je ferai le tri et je ne réerai pas, je ne bramerai plus, du moins en public, mon goût pour les fanfreluches, bagatelles, bigoudis, choses de l’amour et du sexe. Une autre ère s’est ouverte : il faut se tenir ferme sur son jarret partout où l’on va, assurer ses arrières : l’accusation de sexisme est là, terrée dans l’ombre, à un jet de pierre, prête à vous tomber dessus dès que vous écrivez le mot « soutien-gorge » ou « porte-jarretelles ».
J’ai donc procédé cette semaine à un tir en touche et je suis allé errer un moment dans la notice de l’ordre de la jarretière chez Madame Wikipe où j’ai retrouvé le bon chevalier Saint-Georges. J’ai aussi rejeté l’idée de réitérer une variation sur son dragon mais j’ai été séduit par l’histoire d’Edouard III :
« Le 23 avril 1348, lors d'un bal à Calais, il dansait avec sa maîtresse, la comtesse de Salisbury. Celle-ci ayant, en dansant, fait tomber sa jarretière, le roi, galamment, la ramassa sous les quolibets des danseurs, la mit à son propre genou et coupa court aux railleries par ces mots : « Messieurs, honi [sic] soit qui mal y pense. Ceux qui rient maintenant seront très honorés d'en porter une semblable car ce ruban sera mis en tel honneur que les railleurs eux-mêmes le chercheront avec empressement. ».
Rira bien qui rira le dernier ! Et l’amour des hochets dans la perfide Albion qui n’a toujours pas connu de « Ah ! Ça ira ! » est tel que cet ordre chevaleresque perdure encore aujourd’hui !
Je vous gratifierais bien ici d’un « Ite missa est » mais avant que l’échelle soit tirée, je vous fais cadeau d’un rai de lumière sur la présence du morceau musical ci-dessous. Il est signé Ken Hensley, s’appelle « The Park » et est tiré du deuxième album du groupe de rock Uriah Heep intitulé « Salisbury », sorti en 1971 !
Au jeu de marabout-bout de ficelle des mots du Défi, on retire toujours quelque chose, ne serait-ce que de la nostalgie !
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