L'Horloge comtoise (Défi du samedi n° 880)





« Si tu n’as pas une horloge comtoise à cinquante ans, tu as raté ta vie ! ».

Je ne sais pas qui c’est ce gars-là qui a pondu ça mais à force de faire le Jacques et d’énoncer des sentences aussi idiotes à l’heure ou l’heure figure sur tous les téléphones et les ordinateurs, on voit bien qu’il n’a pas le sens pratique. D'un autre côté, certain des types à qui il a fourgué ses recettes se sont retrouvés entravés par un bracelet... électronique !

La pendule trône dans la salle à manger du nonagénaire. Elle a été achetée par son grand-père. Il y a une histoire concernant cet achat ou le trajet pour la ramener à la maison mais je l’ai oubliée.

C’est que chez ces gens-là, Monsieur, comme dirait un autre Jacques qui lui n’étais pas une brèle, on écrit mais on ne raconte pas sa vie… sauf à table.

C’est dommage. On a entendu plein d’histoires sur Louis de Funès, Achille Zavatta mais il n’y a pas de prescription quand il y a proscription : le fonctionnaire a un devoir de réserve et n’écrira pas ce qu’il sait.

On est assez d’accord sur le fond et sur le fait que les morts sont tous des braves types.

En attendant, tandis que la pendule au salon disait oui disait non, le temps a passé, les générations se sont suivies et ne se ressemblent pas. Tout ce qui s’est entassé dans un innommable désordre et dans les différentes pièces de cette maison, ça va nous rendre fous et folles.

Moi je ne suis pas ici pour raconter ma vie mais maintenant que j’ai vu « en vrai » la table du Dr Zigmund, je suis prêt à m’allonger sur son divan et à dire « J’ai mieux chez moi » : j’ai la sacoche de Marie-Louise, les deux boîtes de gelati Motta de Geneviève, les plaques de verre de Paul-André, sa boîte Alsace avec les mini-albums, le classeur vert, l’album rigide, la boîte archives, la boîte rouge, l’album rouge, l’album marron, les fiches perforées, la boîte marron, la boîte à chaussures Impulse…

J’ai descendu tout ça dans la loggia et sur mon bureau, histoire de retrouver les photos originales d’«Il était une fois» et de «Chemins d’enfance» et de me servir de tout ça pour présenter un de ces jours – EN NUMÉRIQUE ! - une photothèque rangée chronologiquement.

Comme dirait Fernand Raynaud, « Ça va prendre un certain temps ». La comtoise va encore faire sonner un certain nombre d’heures.

Comment ?

Ah oui, c’est vrai elle ne marche plus. On l’a gardée parce que chez ces gens-là, Monsieur, on ne jette rien : tout peut toujours servir !

Ne serait-ce qu’à pondre un billet pour le Défi du samedi !

Pas encore tout à fait amnésique. 18, Les Chiens (Défi du samedi n° 879)


Les gens qui ne se souviennent pas du prénom d’Alzheimer – Alois, tu parles d’un blase ! – n’ont pas à se poser cette question qui me taraude à chaque fois que j’ajoute un chapitre à cette entreprise quasi pérecquienne du bistrot-mémoire thématique : mais pourquoi est-ce que je retiens tout ça ? Ça ne sert absolument à rien !

Par exemple que le chien de l’oncle Walrus soit une chienne, s’appelle Câline et soit de race Jackie Russell, je ne peux même pas le placer dans une conversation par ici. Les Bretons que je fréquente se fichent pas mal de ce que j’aie de la famille virtuelle en Belgique, de ce que, ancien latiniste, je sache traduite l’expression « Cave canem » et du fait que j’ai passé mon enfance à lire chaque semaine « Vaillant le journal de Pif » le chien.

Que, dans ce chenil « quasi communiste », j’ai pris plaisir à découvrir le Gai-Luron de Gotlib, Pifou le fils de Pif qui ne s’exprimait qu’avec « Glop ! », « Glop glop ! » et « Pas glop ! », que Raymond Mas ait pris son autonomie pour faire vivre à ce personnage sans langage des conflits avec l’infâme Brutos dans des pages autonomes, qui s’en soucie ?



« Tout ça intéresse tout ça ! » me répond-on de la rivière Kwaï, Kwaï, Kwaï, onomatopée qui signifie qu’on a marché sur la lune et sur la queue du chien.

De fait, cette pop-culture là n’a plus cours. Toutes les choses ont une fin, sauf les saucisses qui en ont deux et si tu attaches ton chien avec, des saucisses, c’est beau, superbe et généreux mais ne t’étonne pas s’il part divaguer au parc des Carmes à La Flèche !


Les saucisses ont deux bouts et les spaghetti aussi. Si un même spaghetti tombe dans la gueule d’une belle et d’un clochard, pas de doute on est bien chez Walt Disney dans le film homonyme. Si tu trouves 101 dalmatiens dans ton séjour ou quatre bassets pour un danois, c’est la même punition-diagnostic !

Que serait Tintin sans Milou ? Que feraient Astérix et Obélix sans Idéfix qui les sort de la pyramide-tombeau dans « Astérix et Cléopâtre » ? Certes, Lucky Luke peut se passer de Rantanplan mais il manquerait quand même quelque chose dans l’histoire s’il n’était pas là, non ?

Le chien du Club des cinq d’Enid Blyton s’appelle Dagobert. Et comment dans l’original anglais ? Ils ont eu des rois fainéants aussi, les British ?

Le chien de « Sans famille » d’Hector Malot s’appelait Capi.

Je me souviens de « Youhou Rintintin ! », du caporal Rusty et du sergent O’Hara.


Je me souviens de « Non mais ! Oh ! Dis ! » envoyés au chien qui pisse sur le pot de fleurs en ouverture des émissions des Deschiens.


Je me souviens que le fox-terrier blanc de Nora dans « M. et Mme Détective » s’appelait Asta.


J’ai eu la trouille comme tout le monde en lisant « Le Chien des Baskerville » de Conan Doyle. J’ai eu droit au feuilleton « Belle et Sébastien » (d’après Cécile Aubry avec son fils Mehdi) avant que ça ne devienne un duo musical dont je n’ai jamais rien écouté.

Plus tard j’ai emmené mes enfants au cinéma « Le Palace » voir « Beethoven ». Ils ont ri, moi pas vraiment, je préfère l’arrivée du 3e mouvement dans le concerto de piano n° 4 (c'est à 25 ').

Dans la vraie vie le chien noir de mon grand-père s’appelait Micky, je ne l’ai pas connu et on a perdu la photo prise sur le seuil de la maison. Celui de ma grand-mère s’appelait Charlie, celui de mes beaux-parents Plouc et celui de mon frère Nobody. Celui de Mitterrand s’appelait Baltique. Ça nous fait bien des bosses et des belles jambes, tout ça !

On m’a raconté l’histoire de quelqu’un qui avait appelé son chien Sarkozy pour avoir le plaisir de pouvoir lancer parfois :« Sarkozy ! Au pied ! »

Je me souviens de « Combien pour ce chien dans la vitrine ? » de Line Renaud, d’« Azor » d’Arletty, de « Dites-moi ma mère pourquoi les chiens dans la rue se montent dessus », du chien devant le gramophone de « La Voix de son maître », de « Hey Bulldog » des Beatles. Clifford Simak a écrit « Demain les chiens ». Le chien de Jean de Nivelle se carapate quand on l’appelle. Les Saint-Bernard ont un tonneau de rhum accroché sous le menton. Mon partenaire musical dans le duo « Les Am’nez zique » s’appelle Monsieur Le Bichon. Jacques Bodoin donnait l’accent anglais à Pollux dans « Le Manège enchanté ».

J’ai failli oublier Boule et Bill, Cubitus, Pluto, Roquet Belles oreilles, Kador et Petit caniche qui n’est pas un chien mais le compagnon indien de Chick Bill de Tibet. Je n’ai toujours pas retrouvé la Mirza de Nino Ferrer et je passe sous silence ma passion pour Snoopy de Charles M. Schulz qui m’a valu d’être surnommé ainsi un temps par une douce jeune fille disparue aujourd’hui dans les limbes.

Voilà, j’ai posé ma balise Argos, je me sens « heureux qui comme Ulysse » mais mon voyage n’est pas fini : bon été à tout le monde ! Le conseil de la semaine sera : « Mangez sain, n’abusez pas du hot-dog, même s’il fait un temps de chien ! ».




C'est l'été, enfin ! (Le Défi du samedi n° 878)

 




Alors ? Ce Défi sur le molleton,

S’y colle-t-on ?


C’est que cela n’est pas coton

Par ces chaleurs que nous avons

D’aller filer des métaphores

En même temps qu’la lain’ de mouton !


C’est tentant de botter en touche,

De s’allonger sur le gazon,

D’y relire Franz Taffetas

Ou « Les Trois moustiquaires »

Voire de s’envoyer « Le Soulier de satin »

Plutôt que de broder

Sur Gabardine Martin,

Sur Richard Burlington,

Sur Popeline Carton

Ou sur Paul Desflanelles.


C’est vraiment très facile de chambray le patron :

Tranquille comme batiste

Il joue sur du velours

Rien ne l’interlocke

Et il rétorque à nos critiques

« Viscose toujours ! Tu m’intéresses !

 Tous les mots que je propose

Sont tissus du dictionnaire » !



Soie ! C’est un fait

Mais batik comme nous sommes

Après l’avoir piqué (le somme)

Nous sommes aussi capables

De mettre les voiles

Vers le soleil

De laisser la cretonne aux Bretonnes,

Les crêpes dentelles

Aux danseuses de tarentelles,

Le sergé à Pontoise,

La mousseline aux Yvelines

Les robes Vichy aux folles à(l)lier

La toile de Jouy aux Josassiens

Le madras aux foulards

Et Jersey à son île


Peut-être aurions nous dû

Placer ici comme défausse

La chanson « Mademoiselle Angèle ? »





Soyons sérieux :

Rangeons le molleton

Dans la malle aux tissus

Pour l’hiver

Et terminons par un conseil :


Il se peut qu’au rugby

Dame Caroline Loeb

Et chante, victorieuse,

« De toutes les matières,

c’est la ouate qu’elle préfère »


Si le coton est hydrophile,

Si la canicule vous épate,

Ne jouez pas les imbéciles,

Ne jouez pas les hydropathes :

Buvez de l’eau, gazeuse ou plate !

Lambrisons-là ! (Défi du samedi n° 877)





Chaque mot plus ou moins scientifique proposé par le maître du Défi est toujours l’occasion pour moi de faire voler encore plus bas « la fiente de l’esprit » d’après Victor Hugo, à savoir manier le calembour avec joie. « C’est comme les cochons », ajouterait Jacques Brel.

C’est que voyez vous, je n’ai jamais posé de lambris à Meaux. Et de mon ignorance en matière de lambricolage, je ne vais pas faire tout un fromage. Tout le monde a ses limites. Je connais un dentiste qui ne sait pas jouer au lambridge. Marcel Proust n’a jamais compris pourquoi les éditeurs lui disaient : "Écrivez plus lambrièvement » !

Dans « Les Lambrigands » d’Offenbach y a-t-il quelque chose d’étonnant à ce que les carabiniers arrivent toujours en retard ? Surtout en sachant que Georges Moustaki n’a jamais lambrigué autre chose qu’un hamac !

Je ne suis pas du genre à aller sur les lambrisées des contempteurs énervés. Je tolère tout ! Peut me chaut que Lambrigitte Macron soit LGBTQIA+WXCVBN ! Ce n’est pas grave si Jane Birkin était lambritannique, ça avait son charme.

Les idées politiques de Lambrigitte Bardot, je m’en fiche comme de ma première robe Vichy ou de ma première bouteille de lambrillantine !

Qu’elle agite sa loque à poussière, sa serpillière ou sa wassingue en Belgique ou dans les Hauts de France, que la gueuse lambrique ou pas, ce n’est pas mon problème !

L’important c’est que c’est l’été, les vacances : je vais enfin pouvoir bosser pour moi seul… ou ne rien faire. Je vais même peut-être aller réemprunter à la bibliothèque le DVD de « Lambrigadoon » !

Exister une fois tous les cent ans et avoir la paix le reste du temps, voilà qui me plairait bien aussi !





Musique funéraire pour banc de crevettes (Défi du samedi n° 876)




Vaste lueur sépulcrale,
Avant de nous trouver
Bouffés par de plus gros,
Plus voraces que nous

Laissez nous, - pauvres krills ! -
Nous souvenir, tranquilles,
Des pauvres barcarolles
Du temps de notre enfance !

Ne nous accablez pas
De vos karaokés
Où toujours caracolent,
Sinistres cas d’école,
Aznavour et Sardou
Qu’il nous est dur d’entendre !

Dies irae, dies illa !
Pas plus d’îles lointaines
Que de filles alanguies
Ou de colliers de fleurs
Ni même de couronne
Là où Neptune trône !

Nous refusons qu’on nous emmène
Au son d’« Hallelujah »
De Leonard Cohen
Dans le ventre de la baleine
Qui reprendrait à perdre haleine
L’heureux frein de notre existence
Décliné en lyriques stances
Auxquelles, parmi notre troupeau,
De fait, personne n’entend mot !





Écartez l’Amant de Saint-Jean !
« C’est du passé, n’en parlons plus ! »
Si, justement !
Nos funérailles et puis antan !

S’il n’y a plus d’après
A Saint-Germain-des-prés
C’est que c’était bien mieux avant,
Quand nous étions enfants,
Rêveurs, adolescents,
Métèques inconscients,
Simples amis de Georges
Et de son vieux Léon
Porteur d’accordéon.

Laissez Françoise Hardy
Et son amie la rose
L’espace d’un matin
Disserter sur les choses !

Faites taire toute parole
Et toute voix de casserole !

S’il s’agit de trouver sommeil
Dans cette immensité marine
Je ne sais plus pure merveille,
A l’instant tragique où l’on clamse,
Que la petite berceuse de Brahms
Aux sonorités cristallines.




S’il s’agit de dire « Et puis zut !»
Empruntons cet air de « La Flûte » :
Les clochettes de Papageno
Feront danser les bigorneaux !


Elles sont à 3 h 13 ' et 40 "

S’il faut s’abstenir de querelle
Et reconnaître l’existence
D’une culture télévisuelle
- Pauvre dernier lien entre nous ! -

Entrant au monde du silence,
Conjuguons, à bouche fermée,
A l’indicatif de l’absent,
Les mélodies de Vangelis
- Ben oui, le Papathanassiou ! -
Puisqu’il s’agit tout là-dessous,
Dernier récif à la Rossif,
D’apocalypse d’animaux

Ou, un peu au-dessus de ça,
S’il faut plonger en transparence,
Cet air, bien plus de circonstance,
De la matrice Thalassa !




Jubilations mandoliniennes (Défi du samedi n° 875)

Marina Bourgeoizovna qui est à la fois mon épouse devant les hommes et mon étoile filante devant les constellations s’adonne quelquefois à des activités de conteuse pour enfants dans une école de Rennes.

Il paraît que ça les calme, les mômes. Elle, je ne sais pas. Elle en revient chaque semaine avec des stupéfactions grandissantes d’avoir entendu dans la bouche des petiots des choses comme « Ça ne sert à rien, d’écrire ! ».

Écrire ? Si, ça sert à faire rire !

Je ne suis pas ici pour raconter ma vie mais moi, de mon côté, j’anime depuis de nombreuses années un atelier d’écriture qui a pour effet d’emmener dans le silence pendant une heure des dames dont la plupart ont l’âge d’être les grands-mères des mioches précédemment cités.

Pour calmer les enfants et faire taire les piapiateuses, il n’y a rien de tel que les images. Comme on nous disait autrefois : «Sois sage et tu auras une image !».

Dernièrement j’ai utilisé pour animer cet atelier celles d’un jeu de société collaboratif appelé "Le fil rouge : dans leurs regards ".





Il s’agissait, collectivement, de remettre dans l’ordre chronologique les scènes muettes d’une soirée de réveillon puis de décrire toute la suite d’événements du point de vue d’un seul et même personnage.

Je crois bien que c’est la séance d’atelier d’écriture qui a procuré à son animateur la plus grande des jubilations. Les écrivantes n’étaient pas non plus dans une désespérance profonde même si les images du jeu et les textes qui en sont nés sont profondément ancrés dans le réel. On a bien ri ce jour-là dans la salle Mandoline de la Maison de quartier de Villejean. En témoigne l’enregistrement ci-dessous.


P.S. Il paraît qu’en espagnol « retraite » se dit « jubilación ». J’en profite pour souhaiter une bonne « jubilación » à ma collègue Isabelle qui met un terme à la fin du mois à son travail de « servante du château ».



Pas encore tout à fait amnésique. 17, Continuer impair-turbable (Défi du samedi n° 874)



Il y a 1 taxi pour Tobrouk et hun seul Attila qui, lui, y allait à cheval.

Il y a 3 mousquetaires, trois petits cochons, trois jeunes tambours, trois marins de Groix, les trois Grâces, les trois Parques, le lecteur de MP3 qui a remplacé les disques 33 et 45 tours et les mini K7. Il y a aussi ce fameux trois mâts fin comme un oiseau, Santiano.

Il y a 5 doigts de la main, le club des cinq d’Enid Blyton, cinq pépins d’oranges chez Sherlock Holmes et le Chanel n° 5 qui servait de pyjama à Marilyn Monroe.

Pour faire la transition, il y a Cléo. "Cléo de 5 à 7" d’Agnès Varda.

Il y a les 7 merveilles du monde, les sept péchés capitaux, les bottes de sept lieues, le clan des sept d’Enid Blyton, les 7 mercenaires, le jeu des sept familles, les sept nains de Blanche-Neige, les 7 boules de cristal, les sept collines de Rome : le Quirinal, le Juvénal, le Gardénal, l’Aventin, le Palatin, le Plaisantin, le Capitole (Ah non, ça c’est à Toulouse ! ).

Il y a les neuf muses, le chat à neuf queues, les neuf symphonies de Beethoven et autant chez Dvořák.

Il y a Raoul de Godewarsvelde qui chante dans « Quand la mer monte » « On s’retrouve chez Léonce on est onze ».

Il y a eu Achille Zavatta et « Le Trésor des treize maisons » dont je me demanderai toujours s’il est un décalque du « Mystère des douze chaises » d’Ilf et Petrov ; « Le 13 est au départ » est une aventure de Michel Vaillant dessinée par Jean Graton ; « La Morte survit au 13 » est un roman de Stanislas André Steeman qui a aussi écrit « Un dans trois » et dont on reparlera plus bas vu que c’est un auteur de polars qui compte.

Il y a ce jeu stupide où l’on se compte quinze point à chaque fois qu’on croise un barbu. Il y a aussi « Quinze marins sur le bahut du mort », une chanson de Michel Tonnerre qui fait référence à « L’Île au trésor » de Stevenson.

Il y a eu, chez Citroën, la DS 19.


Ben oui, évidemment, « L’Assassin habite au 21 » du même S.-A. Steeman.

Il y a des gens qui s’appellent 23. Comme le cardinal André Vingt-Trois. Il y eu aussi Pie VII mais pas Pie 3,14 chez les saints pairs ou impairs.

Il y a « La 25e heure » de Virgil Gheorghiu et « Le Troisième homme » de Graham Greene, « Surcouf le tigre des sept mers », un film avec Gérard Barray.

Il y a des gens qui se mettent sur leur 31 pour fêter l’an 9 à la Saint-Sylvestre. D’autres qui chantent « Au 31 du mois d’août » pour pouvoir dire merde au roi d’Angleterre !

C’est chez le docteur qu’on dit 33 et qu’on n’est pas loin de payer la même somme quand on consulte.

Il y a « Les 39 marches » de John Buchan qui ont été portées à l’écran par Alfred Hitchcock. J’ai dû quand même vérifier la date pour pouvoir dire que c’est antérieur… à la guerre 39-45.

« Les Quarante-cinq » est un roman d’Alexandre Dumas qui parle – ou pas ! - de l’assassinat du duc de Guise.

51, c’est un sacré pastis !

Il y a « Les 55 jours de Pékin » un film que je n’ai pas vu donc je ne vais pas chinoiser sur sa valeur.

Il y a 63 cases sur le plateau d’un jeu de l’oie.


Il y a 69 qui, à défaut d’être l’année la plus chaude de tous les temps, a été une année sacrément érotique, paraît-il.

C’est de 7 à 77 ans qu’on peut lire « Le Journal de Tintin » mais en vérité il n’y a pas de limite d’âge pour ce vice impuni.

Il y a 89 ou 1789 qui est la date de la Révolution française.

Il y a 91 qui est le produit de 7 x 13, deux nombres premiers et qui ne l’est pas pour autant puisqu’il a deux multiples. Comme quoi les chats font parfois des chiens !

Il y a « Quatre-vingt-treize », qui s’écrit pour le coup « Quatrevingt-treize » un roman historique de Victor Hugo qui était lui même surnommé « Totor la terreur » !

Il vaut mieux être riche à millions que se retrouver 101, surtout s’il faut en plus nourrir les 101 dalmatiens d’oncle Walt !

Contrairement à ce qu’affirme une légende urbaine très vivace,Louis Aragon n’a jamais écrit « Que serais-je 103 ?».

N’ayons pas peur de le dire : face à la droitisation et au vieillissement de ses premiers ministres, la France a besoin de 109 !

Il y a un numéro d’urgence, le 115 qui permet de reloger les millionnaires qui se retrouvent 101.

Il y a OSS 117, James Bond 007 et l’agent secret X-9.


Il y a eu la 205 Peugeot.

Il y a « Pacific 231 » une œuvre musicale d’Arthur Honegger d’après « La Bête humaine » d’Emile Zola.

Il y a eu « La 317e section » un film de guerre de Pierre Schoendorffer avec Jacques Perrin ; mais à ce propos, où est donc passée la 7e compagnie avec Pierre Mondy ? Ces rigolos ont-ils égaré leurs 12.7 et leurs 6.35 ?

Il y a 365 jours dans l’année sauf une fois tous les quatre ans quand il y a 29 jours en février.

Il y a l’impair-méable de Colombo et sa célèbre Peugeot 403.

Il y a le 421 qui est un jeu de lancer de dés assez misogyne : quand on fait 221, qui est le nombre de points le plus faible qu’on peut y obtenir, on appelle ça « faire nénette ».

Il y a « Fahrenheit 451 » un roman de Ray Bradbury porté à l’écran par François Truffaut.

Revenons dans le domaine militaire pour mentionner le 503e Régiment de chars de combats de Mourmelon-le-Grand dans lequel Joe Krapov a fait ses classes mais tout le monde s’en fout et moi aussi, à juste titre !

Il y a eu le Boeing 707 puis le 747 puis la Peugeot 203, puis la Renault 5 mais désormais tout le monde roule à vélo ou en trottinette sur les trottoirs des grandes villes.

Il y a « 813 » qui est une aventure d’Arsène Lupin narrée par Maurice Leblanc.


Peut-on mettre ici, sous 847, « Le Train de 8 h 47 » de Georges Courteline ?

Il y a 999 qui est le titre d’un album du groupe Aphrodite’s Child quand on tient la pochette à l’envers.

Il y a les « Contes des mille et une nuits », des histoires à dormir debout racontées par une aristocrate russe, Shéhérazade de Rimsky-Korsakov.

Il y a 1515 qui est une bataille célèbre mais personnellement je préfère la manille anonyme. Ça s’est bien castagné entre la France et l’Italie mais je ne sais plus où c’était. Je sais juste que les soldats étaient fort marris de se prendre des gnons.

Il y a « 2001 l’odyssée de l’espace » de Stanley Kubrick et "Le  11 septembre 2001 » d’Oussama Ben Laden. 

Il y a commettre un impair qui est moins grave que commettre un crime comme ci-dessus.

Il y a aussi impair-tinence, un qualificatif pour un mec gonflé qui publie un article non revu par ses pairs.

Et qu’est-ce qu’on vous sert pour terminer ? Une 33 export ? Un Label 5 ? Un Get 27 ?

Bouclons la boucle : au jeu de tarot le 1 s’appelle le petit et il rapporte plus de points quand on le « mène au bout », qu’on le pose en dernier. De la même manière, quand on termine son délire mémoriel, arrivé au bout de sa phrase on pose un point.

Final et bienvenu !


Cet imbécile d'Hermès (Défi du samedi n° 873)





Hermès, c’est le dieu des commerçants et, dans le même temps, c’est le dieu des voleurs ! Comment est-ce possible ? Je ne comprends pas.

Et justement l’hermétisme c’est quand on est fermé devant certaines choses. Ça ne vous atteint pas parce que vous n’avez pas les clés pour comprendre.

Les Illuminations de Rimbaud, l’art contemporain, l’humour au 33e degré, les phrases de Marcel Proust, les poèmes de Stéphane Mallarmé, le fait de jouer du piano suspendu à une grue à 40 mètres du sol, qu’est-ce que ça nous apporte à nous à part le fait d’éprouver le sentiment, face à certains individus, d’être des Béotiens. Et si c’étaient eux, en fait, les neuneus ?

Même au niveau de la chanson, il m’arrive d’interpréter des textes complètement insensés. Pas plus tard que mercredi j’ai interprété, a capella, « La Photographie », de Pauline Carton. Je me suis dit que j'allais faire un flop.

C’est une chanson relativement insi-stu-pide qui décrit la façon dont on développait les photographies en laboratoire au siècle dernier. Je connais bien ça, tout ce qu’on fait dans une chambre noire, parce que j’ai pratiqué ce sport moi-même avant que n’apparaissent sur le marché les appareils photo numériques.

Cette chanson n’a plus de raison d’être et devrait sembler hermétique à tous les gens qui opèrent désormais avec un téléphone pour faire dire « ouistiti » ou « cheese » afin d’obtenir des sourires sur les portraits qu'ils peuvent voir immédiatement sur leur écran.

Eh bien quand j’ai eu terminé d’énoncer cette notice technique en forme d’ariette toutes les dames présentes ont éclaté de rire et ont repris de plus belle ensuite leur déroulé de chanson paillardes !

Je n’ai rien compris à la chose. Il y a un sens caché ou quoi ? J’ai beau m’agiter le bocal, je ne comprends vraiment pas pourquoi j’ai eu l’air d’un cornichon ce jour là !




Tête de gondole ! (Défi du samedi n° 872)


Je ne suis pas ici pour raconter la vie de Joe Krapov, mon double internautique, mais il se trouve qu’il est poète à ses heures et photographe à 16 h 30.

A ce titre, sans être Jivaro, il détient une belle collection de têtes, enfin de portraits dont il ne peut pratiquement rien faire parce que tout le monde dispose d’un droit à l’image et n’a pas forcément envie de voir sa binette sur Internet. Quoique !

Mais cessons de jouer les Alain Delon – il est mouru ! – et parlons à la première personne venue, c’est à dire, vous !

Je possède aussi une belle collection de gondoles. Depuis mon adolescence je voue une passion sans bornes à la ville de Venise et à son compositeur le plus emblémasthmatique, Antonio Vivaldi.

Voilà pourquoi, le jour où j’ai mis les pieds à Venise pour la première fois, j’ai mitraillé comme un malade. C’était en 1993. J’y ai pris cette photo dont je ne suis pas peu fier.





J’y suis retourné en 1997 puis en 1998. Je vous gratifie aujourd’hui d’une cinquantaine de gondoles photographiées ici et là dans la Sérénissime lors de ce dernier séjour. J’ai illustré ce diaporama avec "Pincherle 16". C’est le concerto le plus époustouflant de Vivaldi : il est écrit pour deux violons (in tromba marina), deux flûtes à bec, deux mandolines, deux chalumeaux, deux théorbes, violoncelle, cordes et basse continue.

Bonne écoute à vous et bonnes balades sur les canaux !






Jamais en repos ! (Défi du samedi n° 871)

On peut dire ce qu’on veut d’Archibald H. mais dès qu’il s’agit de lancer une bordée d’injures, il ne chôme jamais !



Pas encore tout à fait amnésique.16, Épistolier, épistolière (Défi du samedi n° 870)

Je me souviens de Théophraste Epistolier. C’était un des pseudonymes d’Yves Frémion. Il l’utilisait dans les colonnes du magazine "Fluide glacial". Il signait aussi Les Frères L. et D. Corson de Rojayheart et Yves Frémion de la Fermez !

Je me souviens de la marquise de Sévigné qui a écrit des tonnes de lettres à sa fille qui était partie habiter dans le Sud, à Grignan, sans doute pour échapper aux incessants bavardages de sa mère. Manque de bol il y avait déjà à l’époque un embryon de poste. Pas moyen de savourer en paix le petit travail tranquille qu’elle s’était trouvé dans un cadre plus ensoleillé et plus luxueux.



Je me souviens d’avoir visité et ce château de Grignan et ce château des Rochers près de Vitré d’où la marquise « Tout va très bien sauf que ...» écrivait chaque jour, juste avant de sortir à cinq heures pour promener son chien qui était une chienne.

Ah la la ! Pauvre Marie (de Rabutin)-Chantal ! Comme tu aurais été heureuse aujourd’hui à l’heure du forfait illimité et des groupes WhatsApp ! Et comme eût été malheureuse sa fille Françoise, croulant sous les notifications !

Je me souviens que « Les Liaisons dangereuses » de Choderlos de Laclos sont un roman par lettres. Je ne l’ai jamais lu ni n’ai vu les adaptations cinématographiques tirées de cette intrigue au « pitch » bizarroïde. C’est un peu comme « Mademoiselle de Joncquières » en plus puissant ?

Je me souviens des « Lettres persanes » de Montesquieu avec Rica et Tartempion mais j’ai eu besoin d’aller demander à Madame Wikipe comment s’appelait Tartempion parce que j’avais oublié qu’il était Usbek. « Il est où l’Usbekistan ? demande le canard Donald. Si ce n’est pas trop loin, je l’envahis pour piquer ses métaux précieux et installer une Riviera à la place !». Cette oeuvre pose la question fondamentale : comment peut on être Persan, hypermnésique et ne pas bombarder un jour ou l’autre son voisin de palier ?

Je me souviens de « Monsieur le Président, je vous fais une lettre » de Boris Vian. La chanson s’appelait « Le Déserteur » et il y a sans doute débat pour savoir s’il – le déserteur - n’aura pas d’arme et qu’ils – les gendarmes- pourront tirer ou s’il en a une et qu’il sait s’en servir.

Je me souviens que Renaud Séchan a repris la formule dans une de ses chansons mais je préfère oublier ce qu’il en a fait. Du reste j’ai oublié ce qu’elle raconte. Les délires autour de « Tonton » Mitterrand sont déjà hors d’âge et hors de propos. J’ai lu pas plus tard qu’hier qu’il avait déclaré à propos de Serge Gainsbourg : « Par son amour de la langue et son génie musical, il a élevé la chanson au rang d'un art qui témoignera de la sensibilité d'une génération ».

"Je t’aime moi non plus", "Guerre et pets", "nazi rock", "Sea, sex and sun", "Les Petits boudins", "Lemon incest" ? Ne généra-tionna-lisons pas quand même !

Par contre je me souviens qu’« En relisant ta lettre » est un chef d’oeuvre d’écriture et d’humour et que le poinçonneur des Lilas ne voit briller, dans son ciel de faïence… que des correspondances !



Je n’ai évidemment lu que des extraits de l’Épître aux Corinthiens de Saint-Paul, ceux qui sortent de la bouche de mon théologien modèle réduit préféré, Linus Van Pelt dans les « Peanuts » de Charles M. Schulz. Je me suis aussi beaucoup régalé des lettres de refus d’éditeurs reçues par Snoopy et des nombreuses cartes de Saint-Valentin qu’on lui adresse alors que Charlie Brown peut se brosser ce jour-là. Messieurs, n’attendez jamais rien des petites filles rousses ! Elles veulent toutes devenir femmes de lettres ou critiques à Télérama pour mieux dénoncer ce pas rigolo de Pierre Perret qui n’a rien fait qu’à se moquer des postières.

J’ai bien ri aussi avec les jeux de lettres de George Sand et Alfred de Musset, sans être certain qu’elles ne soient pas des canulars commis par d’autres : 

Évidemment, qui dit lettre dit lettre anonyme et du coup ça renarde très vite le corbeau du côté de chez Clouzot (Henri-Georges, pas l’inspecteur !)

Je me souviens encore un peu d’une « Lettre à la petite amie de l’ennemi public n° 1 » de Jacques Higelin et de Dame Poupoune, la reine du polar, qui aurait pu nous la chanter parce qu’elle la connaissait par coeur comme toutes les chansons de son Jacquot adoré.

Je me rappelle bien « Écrire à Rimbaud ?» une série de lettres que j’ai pondues en 2017 et publiées sur le Défi du samedi et à laquelle le poète carolomacérien n’a jamais répondu. Quel malotru, celui-là, alors !

Je pourrais terminer en chantant « Ma chère maman je vous écris que nous sommes entrés dans Paris », la lettre du Pelot d’Hennebont, un genre de comique troupier précurseur très prisé en Bretagne où l’on adore aussi « La Blanche hermine » mais j’ai assez écrit de mal comme ça déjà des Tri Yann cette semaine.

Pour les ceusses et celles qui aimeraient les chants militaires du genre « Aux armes, etc. » la voici :



Pas encore tout à fait amnésique. 15, Des chapeaux pour les policiers (Défi du samedi n° 869)


Au secours ! Ma maison est pleine de flics et ma mémoire est cernée par les détectives privés ! Certains ont le melon, d’autres le chapeau mou mais moi, monsieur l’agent, je suis tout aussi veule et vais jouer le doulos, l’indic ou la balance, je vais livrer les noms des redresseurs de torts qui visent de travers !

A la poursuite de Jean Valjean, il y a chez Totor (Hugo) l’inspecteur Javert, portant le même chapeau haut de forme que Vidocq.

Fulminant contre Fantômas, le commissaire Juve a pris au cinéma les traits de Louis de Funès. Chauve qui peut !

Si, si, on a tendance à l’oublier, le San-Antonio de Frédéric Dard est commissaire de police, affublé de deux adjoints spectaculaires, l’infâme Bérurier et cette vieille baderne de Pineau-Pinuche. Est-ce encore lisible à l’heure de Fadièse Mitoute ? Je ne suis pas convaincu par mes dernières tentatives même si je m’en suis régalé adolescent !

A ses débuts, Jules Maigret portait un chapeau melon et un pardessus à col de velours. Assisté d’inspecteurs nombreux, Lucas, Janvier, Torrence, Lapointe, Lognon et même de son épouse dans « Le Fou de Bergerac », il va de bistrot en bistrot traîner son air bougon et entretenir sa cirrhose du foie que le docteur Pardon ne lui décèle même pas tout en l’envoyant quand même faire une cure à Vichy. Jean Gabin, Albert Préjean, Jean Richard, Bruno Cremer et Rowan Atkinson ont incarné le policier belge sans démériter au cinoche et à la télé mais lire et relire Maigret sans lui donner un visage particulier, c’est un plaisir perpétuel.

Quels sont les atouts de M. Wens, l’enquêteur imaginé par Stanislas-André Steeman, autre écrivain belge de romans policiers ? Il n’a même pas été fichu de découvrir que « l’assassin habitait au 21 » ! Normal, il n’apparaît pas dans ce roman et dans « Quai des orfèvres » c’est Suzy Delair qui lui vole la vedette avec son tralala ! Ça m’a bien plus de lire les aventures de Wenceslas Vorobeïtchik jadis et c’est pourquoi elles trônent en bonne place dans mon grenier-bibliothèque. Mais bon : quelle idée aussi de s’encombrer la mémoire avec des noms comme celui-là que même un étranger rechignerait à coucher dehors avec !

C’est une chronique de Remo Forlani qui m’a fait découvrir Nestor « Dynamite » Burma de Léo Malet. Cinq tomes en collection Bouquins, l’intégrale en DVD de la série télé avec Guy Marchand, un fantasme permanent sur Hélène Châtelain (Natacha Lindinger puis Jeanne Savary à l’écran), l’esprit de famille avec le comparse Roger Zavatter, le journaliste Marc Covet, le commissaire Florimond Faroux. Cet univers m’a influencé au point qu’en des temps anciens d’écriture moins autofictionnelle j’ai nommé mes deux enquêteurs-clowns Ferdinand Flure et Florent Fouillemerde et j’ai transformé l’Agence Fiat Lux en agence Fiat Panda ! N’oublions pas au passage les adaptations BD de Tardi puis Moynot chez Casterman.

Côté bande dessinée il nous faut poser sur un piédestal le Gil Jourdan de Maurice Tillieux avec son  inspecteur Croûton, Libellule et Queue de cerise, sa voiture immergée, son moine rouge et l’enfer de Xique-Xique.

A la suite du Rouletabille de Gaston Leroux des reporters à l’allure sportive ont marché sur les plates-bandes d’une police officielle qui ne sert plus que de faire-valoir plus ou moins ridicule. Ainsi Tintin et les deux Dupondt, Ric Hochet et le commissaire Bourdon. On pourrait ajouter, du même Tibet, Chick Bill, Dog Bull et Kid Ordinn, mais eux je les garde pour le jour où je me souviendrai du Far-West !


Au Royaume-Uni la police officielle est, elle aussi, une simple force d’appoint. Ainsi de l’inspecteur Lestrade toujours dépassé et épaté par le locataire génial du 221 B Baker street, Sherlock Holmes dont le biographe se nomme forcément– c’est élémentaire, mon cher ! – Watson. Deux tomes en collection Bouquins + l’intégrale de la série avec Bendedict Cumberbatch et quelques dévédés avec Basil Rahbone dans le rôle titre. 

Si la Miss Marple d’Agatha Christie est « So British !» que penser des petites cellules grises d’Hercule Poirot ? Ne s’agit-il pas d’un détective belge avant tout ? De fait si on m’a offert la filmographie Ustinov et si j’ai déjà emprunté des épisodes de la série avec David Suchet, ce sont surtout les trois séries françaises des « Petits meurtres d’Agatha Christie » qui nous ont bien fait rire lors de leur « visionnage ». Le duo Larosière-Lampion dans la première, Alice Avril, Marlène Leroy et Swan Laurence dans la deuxième et la commissaire Gréco et ses acolytes dans la troisième et dernière.

On a aussi bien sûr l’intégrale des Fred Vargas avec son très décalé commissaire Adamsberg, On a dévoré quelques Montalbano d’Andrea Camilleri et on se régale toujours du pastiche des « Cinq dernières minutes » (Bon sang mais c’est bien sûr !) avec le commissaire Bourrel (Raymond Souplex) remplacé par une caricature de Gébé dans la Rubrique-à-brac de Gotlib.

J’ai évidemment possédé et lu tous les Raymond Chandler avec Philip Marlowe et je me suis toujours endormi avant la fin chaque fois que j’ai essayé de revoir « Le Grand sommeil » de Howard Hawks pour tenter d’y comprendre quelque chose. L’auteur lui même s’avouait perdu dans son intrigue ! Par contre j’ai adoré le film tiré d’un de ces romans,  « Le Privé » de Robert Altman avec Elliott Gould.

Dans ma sacoche de dévédés on peut trouver les deux premières saison d’HPI avec les clowneries de Morgane Alvaro (Audrey Fleurot), l’inspecteur Lavardin (Jean Poiret mis en scène par Claude Chabrol), les Beresford d’après Agatha Christie (Catherine Frot et André Dussolier).

Je n’ai pas poussé l’amour de la pop culture jusqu’à me farcir « L’Inspecteur Labavure » avec Coluche ni « Les Ripoux » avec Thierry Lhermitte et Philippe Noiret mais je me régale bien évidement de tout film de Georges Lautner dialogué par Michel Audiard.

De fait, je suis plutôt voyou que flic et je me suis longtemps régalé des aventures de Parker de Richard Stark et de celles de Dortmunder et Kelp de Donald E. Westlake. En vérité, ces deux là sont un seul et même auteur.  Désolé d’avoir « spoyelé » la chose !

Une originalité avant de terminer ? Quel est l’équivalent de Dick Tracy ou de l’incorruptible Eliot Ness en Europe et au féminin ? Une gendarmette avec une chapka ? Non, pas Fargo mais le capitaine Marleau incarné par Corinne Masiero ! Les premiers étaient assez drôles mais trop de désinvolture tue la désinvolture !

Puisque nous avons commencé cette rétrospective avec "Le Doulos" de Melville, bouclons la boucle en nous souvenant du très beau rôle de commissaire tenu par Bourvil dans « Le Cercle rouge » dû au même cinéaste porteur de… Stetson !