Un peu de bon sens, les gars, les filles ! (Défi du samedi n° 865)

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Tant pis si ça vous ennuie ou si vous en faites tout un plat mais moi je me FLATte d’être platiste ! Oui, je crois, comme disait Mireille Mathieu, je crois que la Terre est plate. 

Alors le zénith, je veux bien. Il suffit que je lève la tête et j’aperçois, au-dessus de ma tête, à la verticale ou presque, le soleil, mon ange gardien, celui qui permet à mes journées d’être lumineuses et joyeuses alors que je suis entouré, comme tout un chacun, par des smombis lugubres et des complotistes qui voient des sphères partout ! Sans parler de tous les haineux de la fachosphère, des accros du billard et des fous du ballon rond qui discutent coût des transferts et insultent les mères cathos !  Ça confirme que rien n’est carré et que, à part le soleil autour de nous, il y a des choses qui ne ne tournent pas rond, dans notre système ! Pas moyen de faire disparaître tous ces fous dans le triangle des Bermudes ! Il faut faire avec et s’abriter d’eux dans son monde parallèle. 

Le zénith, oui, d’accord mais votre histoire de nadir « point du ciel à la verticale de l'observateur, vers le bas » vous pouvez vous la remballer ! Il faut laisser les fondements aux proctologues et les fondations à Isaac Asimov qui croit lui aussi à un système solaire avec des hallucinées de Lisieux en boule de loto mais tout le monde sait bien que c’est de la science-fiction, Asimov et Cie  ! Rien de crédible dans tout ça ! Est-ce qu’on vit avec des robots qui respectent une éthique aujourd’hui ? Non, bien sûr ! Alors ?! 

Vers le bas de l’observateur, c’est simple, il y a le bas de notre planète une partie de l’atmosphère-atmosphère qui a un peu la gueule d’atmosphère de La Varenne mais en moins fatalitaire, routinier tout au plus. Une fois que le soleil qui s’est levé en Sibérie vers 5-6 heures du matin, s’est déplacé d’Est en Ouest au-dessus de notre parallélépipède rectangle et a terminé sa course à l’ouest de l’Alaska sur le coup de 22 heures, tout le monde va se coucher et lui aussi. Il se laisse glisser sur le toboggan, il décline lentement dans cette partie du ciel qu’on appelle la soute parce que c’est un endroit tout noir et, au bout de la nuit, après un sommeil réparateur, il remonte tranquillement à l’échelle, comme le Nounours de « Bonne nuit les petits » au son de « Que ne suis-je la fougère » et vient pointer le nez à droite de la carte pour réchauffer Oymyakon et nos os endoloris par le froid et la vieillesse. Je dis ça comme ça pour la beauté du geste littéraire mais de fait, je ne souffre de nulle part, Docteur ! 



Le Nadir – c’est un prénom arabe ou quoi ? -, personne ne l’a jamais vu, celui-là et on n’a pas intérêt à creuser trop profond ce concept ni à l’aller voir en rejouant « 20 000 lieues sous les mers » ou « Voyage au centre de la Terre » ! C’est ce que j’ai dit hier à Donald Duck qui me serinait encore « Drill, baby, drill ! », ce qui signifie « Tais-toi et creuse » ou « Toi, tu creuses ! ». Il y va un peu fore de café, quand même, le fondu à la mèche ! J’apprends ce matin que, pour compenser l’absence de travailleurs-esclaves pauvres mais immigrés, il veut envoyer des enfants de cinq ans travailler dans le mines ! Réveillez-vous, Victor Hugo et Jean Ferrat !



Surtout, à force de s’enfoncer de plus en plus profond dans le magma, il arrivera un jour où on arrivera de l’autre côté, dans la piaule du soleil ! Crois-moi, il ne vas pas aimer ça, l’Apollon du belvédère ! Pour peu qu’il pleuve à verse ce jour-là ou que les océans se déversent dans le trou noir, inondant son matelas de flotte pleine de plastique, il va nous rejouer Boucle d’Or et les Trois ours ! Si tu touche à son grisbi ou à son frisbee, sa vengeance va être terrible, au Grizzly ! Ça va chauffer pour nos fesses !

Vous, je ne sais pas, mais moi je sais bien que ça ne me plaira pas qu’on touche à ma zénithude !




Yakuza un vieux coup de fatigue ! (Défi du samedi n° 864)

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1

Il y a plein de judokas

Qui s’affrontent sur le tatami.

 

Il y a plein de jolies geishas

Avec des kimonos de soie.

 

Elles pratiquent l’ikebana,

Taillent et retaillent le bonsaï.

 

Refrain 1

Et puis arrive le samouraï,

Serviteur du pire de l’Empire,

Briseur de révoltes,

Pilleur de récoltes,

Heikegani honni que l’on rejette à l’eau !

 

 


2

Il y a plein de lolitas

Qui s’trémoussent au karaoké.

 

Il y a une palanquée d’ados

Qui se retrouvent au dojo

Pour pratiquer l’aïkido,

Le judo, le jiu-jitsu

Et donnent du sashimi à leur tamagotchi.

 

Avoir des tas de yens rend zen,

On n’a plus à s’faire de sushis

Mais on voit très peu de Rennais

Suivre l’indice Nikkei sur leur laptop aux Lices.

 


 

Refrain 2

Et puis arrive le yakuza,

Criant « Banzaï ! »,

Qui défouraille,

Qui tire dans le tas

Comme s’il était un samouraï

Des temps modernes

Chargé d’occire les mangakas

Aux dessins de camions si ternes.



 

Moi aussi, Pépé le moka,

Je préfère Taka Takata

Mais je n’en fais pas tout un plat !

On ne discute pas goûts et couleurs,

On n’assassine pas les bobines !

Je ne transforme pas Mishima

En yokitori cuit vapeur

Ni Akira Kurosawa

En miso à l ‘hémoglobine !

 

3

Lorsque les sakura sont blancs

On joue au go ou au shogi,

On sudokute,

On Paramounte au mont Fuji

Les yeux tout scintillants d’étoiles

D’avoir aimé Miyazaki !



 

Il y a des sumos gavés de tofu,

Des tortues Ninja qui prennent le maki,

Des karatékas qui ne cassent pas des briques

De bons acteurs de kabuki

Et des actrices qui disent « No » ;

Le haïku, jugé trop long,

Est remplacé par l’émoji !

 

Refrain 3

Et puis arrive le tsunami !

Hokusai n’est plus notre ami !

Mac Mahon vous l’avait prédit :

« Kendo ! Kendo ! »

Et Marguerite l’avait écrit :

« Faites barrage au Pacifique ! 

Il fond comme un vautour,

Causant dégâts catastrophiques,

Pires qu’Hiroshima, mon amour ! ».


 

4

Il y a des vieux bonzes qui prient,

Les yeux sur la porte shinto

Où pendent les kakemonos

Sur lesquels des fans ont écrit

« Que soit honnie Yoko Ono ! »




 Il y a des tas de gamins qui plient

Des papiers de couleurs jolies

Pour fabriquer des animaux

Et faire un zoo d’origamis.

 

Refrain 4

Et puis voilà Fukushima qui se ramen

Et plonge le pays dans la peine,

Le nucléaire qui nous rend verts 

En rejetant l’eau chaude à la mer !

 

Mais pourquoi donc autant de haine

Au pays du soleil levant ?

Franchement !

Yamamoto Kakapoté ?

Yamonoto Kadératé ?

Hirohito Katrépassé ?

Fujimori Kékondamné ?

Le Pérou n’est plus c’qu’il était ?

 

Tout cela ne donne qu’une envie :

Si tu veux demeurer en vie,

Si tu ne peux plus saké les cons,

Redeviens Hikikomori 

Et fais comme le cousin Gaston !

 

Allonge-toi sur ton futon,

Relis tes vieux Hara-Kiri

Et souris si, à l’occasion,

Tu parviens à kamikazer

Dans ton Défi du samedi

Tous les mots du logorallye !

 

Le Syndrome de la lettre x (Défi du samedi n° 863)



- Non mais allô, quoi ? Au secours, le FBI ! Il y a un phénomène étrange qui est arrivé sur le Défi du samedi. Il faudrait que les agents très spéciaux, Dana Scully et Fox Mulder, viennent enquêter ! Ça se passe sur la proposition de Défi n° 863.

- Un instant, Monsieur, je me connecte pour vérifier. Vous appelez bien à propos de X-files ?

- Oui, c’est ça, X-files.

- Je ne vois rien d’anormal ou de paranormal là-dedans.

- Comment ça, rien de paranormal, là-dedans ? Vous vous fichier de moi ou quoi ? J’ai vérifié : ça ne fait référence à rien d’autre qu’à la série télévisée américaine !

- Oui, bien sûr. X-files est bien une série télévisée américaine de science-fiction en 218 épisodes de 43 minutes, fondée par Chris Carter et diffusée entre le 10 septembre 1993 et le 21 mars 2018 sur le réseau Fox. Et alors ?

- Comment ça, « Et alors ? » ? Ça veut dire qu’il y a de la porosité entre les deux mondes séparés ! Ce thème n’a rien à faire là. On n’a pas le droit de nous demander d’écrire sur ce sujet-là !

- Et pourquoi donc ?

- Mais enfin si on commence par accepter ça, vous vous rendez compte de ce que ça implique ? Bientôt on va nous demander d’écrire sur « Bureau des légendes », « Doctor Who » « Thierry la Fronde » « Zorro » « Raspoutine ». Et pourquoi pas « Talleyrand » « Gérard Depardieu » ou « Pie VII » ?

- Je ne comprends pas, Monsieur. Vous désirez porter plainte ? Contre qui ? Contre quoi ? Voulez-vous bien décliner votre identité ? Je transmettrai vos griefs à notre service contentieux.

- Larousse Pierre, lexicographe. On n’a pas à mélanger les noms propres et les noms communs dans un dictionnaire ! Et puis tant qu’à faire, j’aimerais que vous enquêtiez sur la disparition des pages roses.

- C’est fait, ça, Monsieur. Le latin a été déclaré langue morte par décret de l’empereur Donald 1er le 12 août 2025. De plus l’augmentation des droits de douane de 200 % sur tous les objets de couleur rose en provenance de l’étranger et même du sol américain fait que nous manquons de papier de cette couleur. De là l’interdiction d’utilisation de ce coloris.

- Mais on est en France, ici ! Cela ne nous regarde pas, Thierry !

- Vous rigolez ou quoi ? La sécurité est mondiale, nous sommes vos protecteurs, nous décidons ce que bon nous semble pour l’ensemble de la planète. Votre demande d’intervention est rejetée.

L’Intelligence artificielle raccroche. Sa voisine du standard, madame Lia 238682 lui demande :

- C’était quoi, cette fois ?

- Encore ce foutu syndrome de la lettre X. Il y en a toujours qui pètent les plombs quand le vocable proposé n’appartient pas aux deux cents mots qu’ils ont dans leur vocabulaire courant !





Wifigénie en bolide ? (Défi du samedi n° 862)

Je crois que si le mot « wifi » était sorti sur le Défi du samedi l’été dernier pendant mes vacances en camping, je ne serais pas allé demander et encore moins acheter le code wifi qui me permet de faire mon intéressant sur cet atelier d’écriture !

C’est que, voyez-vous, même après avoir lu la notice de madame Wikipe consacrée à ce phénomène mi-scientifique, mi-administratif, je ne comprends toujours rien à toute cette machinerie qui me permet d’aller pondre des bêtises jusqu’en Outre-Quévrain, de dialoguer avec des Clermontoises, des Corréziennes, des Drômoises, des Varoises, des Lannionnaises et même jadis avec des Américaines alors qu’avec mon voisin de palier, c’est zéro échange tout au long de l’année. Il faut dire aussi que nous sommes seuls sur notre palier et que, de toute façon, vu la gueule qu’il a et la violence des échanges qu'il  propose, je préfère traverser ce monde réel incognito et silencieux, quasi cloîtré dans mon amour du gambit Rousseau, de mon épouse volante, de la musique et de l’écriture partagées, de la photographie de ville, du vélo et des tableaux de Giorgio De Chirico !

 


C’est pourquoi je remercie l’oncle Walrus de perpétuer la tradition des photos sur lesquelles écrire pendant la saison d’été du défi. Cela me permettra peut-être d’aller demander un code Wifi à Madame Adélaïde au camping de Faux-la-Montagne si on y retourne cet été - c’est en bonne voie, de fait ! -.

Un dernier détail amusant : chez nous le code qui permet d’avoir accès au réseau Wifi c’est quelque chose comme « unesourisvertequicouraitdanslherbe ».

Comme c’est mon fils préféré qui a configuré le truc, je suis bien content qu’un peu de notre fantaisie à lui transmise (par wifi ou par code génétique?) transparaisse quelquefois derrière sa barbiche de geek ayant pignon sur rue !




Le Cyclope de "Penny Lane" (Défi du samedi n° 861)

 

"Oh dis, c’est loin l’Amérique ? Pas assez encore, ces temps-ci !"


Si tu as besoin d’une duchesse,

D’une liseuse, d’un banc d’église,

Si tu rêves que je le menuise

Je crois que tu t’es trompé d’adresse :


Je ne sais pas manier la varlope !

Moi le boulot, je le salope.

Je ne sais pas jouer du couteau,

Le résultat ne sera pas beau.


Je suis aussi nul en meuleuse

Qu’en ponceuse ou en scie sauteuse.

Il faudrait que tu te lèves tôt

Pour me voir coincer dans l’étau


Autre chose que la sainte bulle !

Moi je tiens des conciliabules

J’accouche sur le confident

La conversation des clients.


Je ne connais rien au rabot,

- Demande plutôt à un robot ! -

Question maniement de la bédane

Je mérite le bonnet d’âne


Mais je suis poète de cour

Je fais dans le bonheur du jour

Et je cisèle mon boulot

En usant du tarabiscot.




Si tu as besoin d’une armoire,

D’un lutrin ou d’un écritoire,

D’un rocking-chair, d’un canapé

D’un montauban, d’une chaise percée,


Demande plutôt à Pénélope,

La dame au long cou d’antilope :

C’est la patronne de la boutique.

Certes, elle n’a pas l’air sympathique,


Elle est bien souvent d’humeur noire

Mais faut connaître son histoire

A la boudeuse bonnetière :

Son bonhomme parti à la guerre


Perdit le chemin de la chaumière

Et pendant dix ans la bergère

Fidèle à son cadet d’Gascogne

Fit ceinture côté gigogne !


L’autre avait dépassé les bornes

Et sur les bords de la Riviera

- Calypso Circé Nausicaa -

Lui avait fabriqué des cornes.


Retour la goule enfarinée

Avec le chien assassiné

Pas un cadeau dans ses valises !

Il ne faut pas non plus dépasser les balises !


Elle ne souhaitait plus faire tapisserie

Elle l’a trucidé un beau soir

D’un coup de fauteuil trémoussoir.

Et l’a plié dans la penderie.


Sur le lit de justice un maître du barreau

N’a pas laissé de bois les membres du jury.

Et moi qui n’ai qu’un œil et vendais des lits clos

J’ai trouvé du boulot dans sa menuiserie.


Allez, venez, je vous introduis !


- Patronne ! Monsieur, psychanalyste,

Recherche un récamier pas triste ?


- On a un modèle belge. Est-ce que ça vous séduit ?





Dur ulex sed lex ! (Défi du samedi n° 860)

Dieu et mon droit savent bien, et mon gauche ne l’ignore pas, que j’aime les Bretons et encore plus les Bretonnes.

Mais ça me fend le coeur quand je les vois et surtout quand je les entends bousiller leur patrimoine chansonnier !

La première chose qui m’est venue à l’esprit, à partir du mot « ulex », est ce que l’oncle Walrus appelle un ver : c’est un vieil air qui vous revient dans la tête et s’y installe de façon persistante. En l’occurrence, pour moi, je me suis souvenu de cette chanson à la gloire de Pont-Aven, « Fleur d’ajonc », apprise chez Madame Bernadette, à l’époque où je fréquentais la chorale de la Maison Héloïse à Rennes.

J’ai gardé la partition et je me suis mis dans l’idée de l’interpréter… tout seul ! Je suis allé chercher les paroles et une version sonore sur Internet. Mal m’en a pris ! Je n’ai trouvé chez M. Youtube que deux versions « jeu de massacre », du genre fin de banquet de retraité·e·s, filmées au moment où les gens ont absorbé force litrons, ne chantent plus très juste pour ne pas dire carrément faux au milieu des autres convives qui ne les écoutent pas et continuent leur conversation jamais interrompue avec leur voisine Germaine qu’ils voient tous les jours et l’ami Vegas-sur-Sarthe sait que ce piapiatage tout en légèreté peut finir par peser à la longue.

Oui, je sais ce que vous allez me dire. Comme la fameuse "Paimpolaise" qui l’a rendu célèbre, cette chanson est signée Théodore Botrel. Un Parisien ! Un esstrangère !

Et alors ? L’hymne breton, le « Bro gozh ma zadoù », est un décalque d’une chanson galloise et vous ne le massacrez pas pour autant ? Si, aussi ? Est-ce que les républicains de Marseille n’entonnent pas l’hymne national au prétexte qu’il a été écrit par un M. Rouget qui habitait Lille ?

Je ne vais pas aller plus loin dans la critique musicale. Je vais juste faire en sorte qu’une version à peu près correcte et un peu plus gaie puisse être entendue sur la toile !

Je suis comme ça, moi ! Qui s’y frotte s’y pique ! Ma bêtise et moi, rien ne peut nous détourner de ce que nous envisajonc ! Dur ulex sed lex !








Looney tune (Défi du samedi n° 859)



Celui qui n’a pas trop de thune
Et pétune à Béthune sous le clair de la lune
N’écopera pas d’un coup de tabac
A Tacoma.



Celui qui n’a pas de fortune
Et jardine à Bray-Dunes
Ne rêve pas d’être capitaine
D’industrie ou de brigantine
A Washington.

Et tous les deux ça les étonne
Que les rois de la chevrotine
Aux milliards comptés par centaines
S’obstinent à conquérir Mars,
Veuillent s’en aller voir sur Neptune
Ou désirent boire du Cinzano sur Saturne.



Quand on a des tonnes de platine,
Une centaine d’Aston Martin,
Quand l’écu sonne dans la piscine
De l’onc’Picsou,
Sont-elles inopportunes,
Les vacances en Toscane,
Les roulettes de Cannes,
Les pampas d’Argentine ?



La Terre est trop mesquine
Pour les rois du tungstène ?

Et puis après tout qu’ils y aillent,
Courir la prétentaine aux planètes lointaines,
Et qu’ils s’y ratatinent,
Ces titans du titane !
Ces nouveaux zélateurs de la guillotine pour l’État nous importunent !

Même si ce vieux monde patine,
Les autochtones de Bray-Dunes,
De Béthune, de Catane,
Qu’ils s’empoisonnent de nicotine
Ou qu’ils cultivent l’églantine,
Savent boire l’eau des fontaines,
Camper l’été dans leur guitoune,
Faire défiler sous leurs bottines
Les sentiers des landes bretonnes,
Le pavé des rues bisontines.

Ils aiment les coups de Tramontane,
La musique des Rolling Stones,
Mylène qui chante « Libertine »
Dans les nuits de white satin,
Quelques fables de La Fontaine
Et même parfois Lamartine !

Ils suivent Rimbaud à Charlestown,
Admirent l’étoile matutine,
Adorent voir danser la Gitane.

Et quand revient l’automne,
Lorsque le ciel moutonne,
Ils ne trouvent jamais monotone
De se pelotonner contre leur Valentine,
La mutine qui les lutine à matines,
De se payer, dans leur routine libertine,
Une tranche napolitaine.

Comme ils sont peu soucieux des César de Suétone
Quand ils en ont a plein la rétine
Et que sur leur âme cartonne
Leur Aliénor d’Aquitaine !

Et lorsque la radio entonne
La litanie cire-tatanes
Des croquemitaines qui nous gouvernent
Et feuilletonne les idioties de ces badernes,

Ces clandestines sans thune
Et ces taciturnes teignes...
L’éteignent !

De nos jours, même la plèbe
- Mironton Mironton Mitontaine ! -
Est hautaine !






Au taliban d’infâmie (Défi du samedi n° 858)


Effaré, le bedeau Rémi !
Dieu, si facile à adorer,
Voilà qu’en de certains pays
Ses zélateurs se servent de lui
Pour interdire à tour de bras
La pratique de la musique !


Jouer de la sacqueboute en train,
Jouer du trombone en coulisse,
Jouer du tambour en machine à laver,
Jouer de la harpe dans les ajoncs, dans les lagons,
Jouer du piano dans les cuisines,
Jouer de l’harmonica du Nicaragua,
Jouer du violon dans les prisons,
Jouer du cor au pied des montagnes,
Jouer du balafon la caisse,
Jouer de la balalaïka dans l’espace,
Jouer du bandonéon en état d’érection,
Jouer des chansons de route sur un banjoliveur,
Jouer de la basse même doucement,
Jouer du bâton de pluie les jours de grand soleil,
Jouer de la bombarde et du biniou en position de bagarde-à-vous 
– mais ça c’est plus compréhensible -
Jouer « Mirza » de Nino Ferrer sur un bouzouki « l’est passé ce clebs ? »,
Jouer « Hey bulldog » des Beatles sur une clarinette de basset,
Jouer du bugle à Bègles et du triangle à Wingles (Nord),
Jouer du chalumeau sans même être plombier,
Jouer du clavecin t’esprit et la kora pro nobis,
Jouer de la contrebassine de linge sale en famille,
Jouer du cromorne à Waterloo – la coupe est plaine ! -,
Jouer sur une contrefaçon de contrebasson,
Chanter « Nénesse d’Epinal » de Bourvil en s’accompagnant à l’épinette des Vosges,
Chanter « Les Haricots » de Bourvil accompagné par un joueur de flageolet,
Souffler comme un crétin dans un vieil hélicon ou une trompette bouchée,
Jouer du luth gréco-romain, de la viole de nuit pour vieillard ingambe, de la lyre entre les lignes,
Jouer du mirliton à l’envers,
Jouer de l’ocarina sans Anna,
Tout cela est INTERDIT ! PROHIBÉ ! DÉFENDU !

Chez les adorateurs de ce Dieu mélophobe
Le discours c’est :
« Rendons aphones les saxophones,
Les sarrussophones,
Les métallophones,
Les xylophones,
Et les après-midi d’un faune !

Plus de mellotrons, plus de trompettes et de trombones !
Finis, les altos, les guitares
Et les accordéons trop dia(blement)-toniques !
Pas de tympanon dans nos tympans !
Pas d’Eddy Louiss pour nos ouïes !
L’orgue, c’est la barbarie !
Halte aux mélodica-cariens et aux marimbas-ldiens !
Plus rien dans vos musettes !
Fin du pipeau et du power to the people !
Jouez des flûtes dans les hauts bois, musiciens !

- En même temps, dit le bedeau
En tirant sur son pétard,
Moi non plus je n’aime pas le rap
Mais je n’interdis rien :
Grand bien leur fasse aux fesses
Aux éructeurs de ma banlieue
Tant que je peux faire sonner
Mes vieilles cloches tubulaires
Dans mon domicile adoré
Qui est si facile à cirer !


(Si vous êtes pressé·e, les cloches tubulaires sont à 7')





99 dragons : exercices de style. 85, Lettre de refus d'éditeur (Défi du samedi n° 857)

 



Madame, Monsieur (rayer la mention inutile)


Nous vous remercions vivement de nous avoir confié votre tapuscrit. Nous l’avons étudié avec la plus grande attention. Malheureusement, malgré ses qualités, il ne nous a pas paru convenir à notre ligne éditoriale.


Nous regrettons donc de ne pouvoir en envisager la publication. En vous remerciant de votre confiance et en vous souhaitant d’aboutir dans votre démarche, nous vous prions de croire, Madame, Monsieur (rayer la mention inutile) à l’assurance de nos sentiments les meilleurs.


Le comité de lecture.


Monsieur


je me permets d’ajouter que la lecture de vos « 99 dragons : exercices de style » m’a passablement exaspérée. Passe encore qu’il y ait un plagiat éhonté et visible de l’ouvrage au titre presque similaire de Raymond Queneau. Vous me direz que le sujet n’est pas le même, que vous ne parlez nulle part dans votre œuvre d’autobus, de chapeau à ruban ou de bouton de pardessus. C’est vrai mais est-il raisonnable de penser que 99 déclinaisons de la fiche Wikipédia consacrée à Georges de Lydda pourraient avoir un intérêt quelconque pour un lecteur non féru d’histoire sainte et de littérature fantastique ?


Ce qui m’a le plus gênée, outre votre usage de gros mots comme paronomase, lipogramme, allographes ou apocope, c’est l’esprit anti-clérical et antimilitariste qui préside à chacune de vos variations. J’ai bien compris que nous sommes en 303, en Afrique et que ces braves nègres gens de couleurs ne sont pas encore assez entrés dans l’histoire pour avoir ne serait-ce qu’envisagé un instant un service militaire ou une défense nationale. Chaque fois que vous mentionnez l’existence des soldats libyens, c’est pour souligner leur lâcheté, leur couardise ou leur alcoolisme. Pour un peu vous nous ressortiriez l’adjudant Kronenbourg de ce voyou de Cabu !


Vous semblez regretter qu’un héros de la Chrétienté se mêle de cette histoire et triomphe du péril rencontré moyennant quelques petites compensations. Il me semble pourtant que, de tous temps, dans la réalité, des traités ont été signés et des accords conclus entre des puissances étrangères pour venir à bout d’un ennemi commun. Aurions-nous gagné la guerre de 14-45 sans l’aide efficace des Américains avec lesquels, de fait, nous ne partageons rien, en tout cas pas moi : je n’aime ni la country, ni la soul music, encore moins le rap et les hamburgers.


Croyez-vous que la Russie pourrait venir à bout des nazis ukrainiens sans l’aide de la Corée du Nord ? N’est-ce pas grâce au général Lafayette que les cow-boys d’Amérique ont battu les méchants migrants indiens qui ne faisaient rien qu’à faire tomber la pluie en dansant ? Que serait ce continent sans Christophe Colomb ? Que serait l’Amérique du Sud sans Fernando Cortés ?


N’avons-nous pas apporté, via la diffusion de notre langue et de notre religion aux peuplades arriérées de ces pays et de nos jolies colonies, les valeurs de la Civilisation et même celles de la République, que je respecte aussi, même si elles vous donnent la liberté de blasphémer et de moquer nos croyances et nos rites ?


Préférez vous que nous soyons envahis chaque jour un peu plus par les tenants d’une religion dont le nom commence par i et qui en est restée à la Saint-Barthélemy, à la lapidation de la femme adultère et qui n’hésite pas à abreuver ses sillons du sang impur de ses ennemis ?


Vous êtes pour la polygamie, c’est ça ?


Pour qu’il y ait reconquête, il faut que nous soyons tous rassemblés. Votre ouvrage de tournage en dérision du mythe de Saint-Georges ne participe pas, mais alors pas du tout à l’effort national et au réarmement démographique désormais nécessaires.


Je ne vois pas pourquoi je perds mon temps à ratiociner avec vous ce jour. Pour tout vous avouer, si je gribouille ces lignes sur la lettre type, c’est que j’espère bien, au fond de moi-même, que vos bêtises ne trouveront pas de lecteurs sensés qui y feront écho.


Nous ferons d’ailleurs tout pour cela lorsque nous aurons pris le pouvoir.


Je ne vous salue pas.




Marinette Maréchal-Nuwala, éditrice