Pas encore tout à fait amnésique. 15, Des chapeaux pour les policiers (Défi du samedi n° 869)


Au secours ! Ma maison est pleine de flics et ma mémoire est cernée par les détectives privés ! Certains ont le melon, d’autres le chapeau mou mais moi, monsieur l’agent, je suis tout aussi veule et vais jouer le doulos, l’indic ou la balance, je vais livrer les noms des redresseurs de torts qui visent de travers !

A la poursuite de Jean Valjean, il y a chez Totor (Hugo) l’inspecteur Javert, portant le même chapeau haut de forme que Vidocq.

Fulminant contre Fantômas, le commissaire Juve a pris au cinéma les traits de Louis de Funès. Chauve qui peut !

Si, si, on a tendance à l’oublier, le San-Antonio de Frédéric Dard est commissaire de police, affublé de deux adjoints spectaculaires, l’infâme Bérurier et cette vieille baderne de Pineau-Pinuche. Est-ce encore lisible à l’heure de Fadièse Mitoute ? Je ne suis pas convaincu par mes dernières tentatives même si je m’en suis régalé adolescent !

A ses débuts, Jules Maigret portait un chapeau melon et un pardessus à col de velours. Assisté d’inspecteurs nombreux, Lucas, Janvier, Torrence, Lapointe, Lognon et même de son épouse dans « Le Fou de Bergerac », il va de bistrot en bistrot traîner son air bougon et entretenir sa cirrhose du foie que le docteur Pardon ne lui décèle même pas tout en l’envoyant quand même faire une cure à Vichy. Jean Gabin, Albert Préjean, Jean Richard, Bruno Cremer et Rowan Atkinson ont incarné le policier belge sans démériter au cinoche et à la télé mais lire et relire Maigret sans lui donner un visage particulier, c’est un plaisir perpétuel.

Quels sont les atouts de M. Wens, l’enquêteur imaginé par Stanislas-André Steeman, autre écrivain belge de romans policiers ? Il n’a même pas été fichu de découvrir que « l’assassin habitait au 21 » ! Normal, il n’apparaît pas dans ce roman et dans « Quai des orfèvres » c’est Suzy Delair qui lui vole la vedette avec son tralala ! Ça m’a bien plus de lire les aventures de Wenceslas Vorobeïtchik jadis et c’est pourquoi elles trônent en bonne place dans mon grenier-bibliothèque. Mais bon : quelle idée aussi de s’encombrer la mémoire avec des noms comme celui-là que même un étranger rechignerait à coucher dehors avec !

C’est une chronique de Remo Forlani qui m’a fait découvrir Nestor « Dynamite » Burma de Léo Malet. Cinq tomes en collection Bouquins, l’intégrale en DVD de la série télé avec Guy Marchand, un fantasme permanent sur Hélène Châtelain (Natacha Lindinger puis Jeanne Savary à l’écran), l’esprit de famille avec le comparse Roger Zavatter, le journaliste Marc Covet, le commissaire Florimond Faroux. Cet univers m’a influencé au point qu’en des temps anciens d’écriture moins autofictionnelle j’ai nommé mes deux enquêteurs-clowns Ferdinand Flure et Florent Fouillemerde et j’ai transformé l’Agence Fiat Lux en agence Fiat Panda ! N’oublions pas au passage les adaptations BD de Tardi puis Moynot chez Casterman.

Côté bande dessinée il nous faut poser sur un piédestal le Gil Jourdan de Maurice Tillieux avec son  inspecteur Croûton, Libellule et Queue de cerise, sa voiture immergée, son moine rouge et l’enfer de Xique-Xique.

A la suite du Rouletabille de Gaston Leroux des reporters à l’allure sportive ont marché sur les plates-bandes d’une police officielle qui ne sert plus que de faire-valoir plus ou moins ridicule. Ainsi Tintin et les deux Dupondt, Ric Hochet et le commissaire Bourdon. On pourrait ajouter, du même Tibet, Chick Bill, Dog Bull et Kid Ordinn, mais eux je les garde pour le jour où je me souviendrai du Far-West !


Au Royaume-Uni la police officielle est, elle aussi, une simple force d’appoint. Ainsi de l’inspecteur Lestrade toujours dépassé et épaté par le locataire génial du 221 B Baker street, Sherlock Holmes dont le biographe se nomme forcément– c’est élémentaire, mon cher ! – Watson. Deux tomes en collection Bouquins + l’intégrale de la série avec Bendedict Cumberbatch et quelques dévédés avec Basil Rahbone dans le rôle titre. 

Si la Miss Marple d’Agatha Christie est « So British !» que penser des petites cellules grises d’Hercule Poirot ? Ne s’agit-il pas d’un détective belge avant tout ? De fait si on m’a offert la filmographie Ustinov et si j’ai déjà emprunté des épisodes de la série avec David Suchet, ce sont surtout les trois séries françaises des « Petits meurtres d’Agatha Christie » qui nous ont bien fait rire lors de leur « visionnage ». Le duo Larosière-Lampion dans la première, Alice Avril, Marlène Leroy et Swan Laurence dans la deuxième et la commissaire Gréco et ses acolytes dans la troisième et dernière.

On a aussi bien sûr l’intégrale des Fred Vargas avec son très décalé commissaire Adamsberg, On a dévoré quelques Montalbano d’Andrea Camilleri et on se régale toujours du pastiche des « Cinq dernières minutes » (Bon sang mais c’est bien sûr !) avec le commissaire Bourrel (Raymond Souplex) remplacé par une caricature de Gébé dans la Rubrique-à-brac de Gotlib.

J’ai évidemment possédé et lu tous les Raymond Chandler avec Philip Marlowe et je me suis toujours endormi avant la fin chaque fois que j’ai essayé de revoir « Le Grand sommeil » de Howard Hawks pour tenter d’y comprendre quelque chose. L’auteur lui même s’avouait perdu dans son intrigue ! Par contre j’ai adoré le film tiré d’un de ces romans,  « Le Privé » de Robert Altman avec Elliott Gould.

Dans ma sacoche de dévédés on peut trouver les deux premières saison d’HPI avec les clowneries de Morgane Alvaro (Audrey Fleurot), l’inspecteur Lavardin (Jean Poiret mis en scène par Claude Chabrol), les Beresford d’après Agatha Christie (Catherine Frot et André Dussolier).

Je n’ai pas poussé l’amour de la pop culture jusqu’à me farcir « L’Inspecteur Labavure » avec Coluche ni « Les Ripoux » avec Thierry Lhermitte et Philippe Noiret mais je me régale bien évidement de tout film de Georges Lautner dialogué par Michel Audiard.

De fait, je suis plutôt voyou que flic et je me suis longtemps régalé des aventures de Parker de Richard Stark et de celles de Dortmunder et Kelp de Donald E. Westlake. En vérité, ces deux là sont un seul et même auteur.  Désolé d’avoir « spoyelé » la chose !

Une originalité avant de terminer ? Quel est l’équivalent de Dick Tracy ou de l’incorruptible Eliot Ness en Europe et au féminin ? Une gendarmette avec une chapka ? Non, pas Fargo mais le capitaine Marleau incarné par Corinne Masiero ! Les premiers étaient assez drôles mais trop de désinvolture tue la désinvolture !

Puisque nous avons commencé cette rétrospective avec "Le Doulos" de Melville, bouclons la boucle en nous souvenant du très beau rôle de commissaire tenu par Bourvil dans « Le Cercle rouge » dû au même cinéaste porteur de… Stetson !


Bécassine, c'est ma cousine ? (Défi du samedi n° 868)




Moi vous me connaissez : je ne suis pas ici pour raconter ma vie mais... je ne voudrais pas passer sous silence pour autant la visite que j’ai rendue à Mademoiselle Denouille la semaine dernière.

Adèle Denouille est une jeune fille de vingt ans – ou de 140 ans ? – qui habite l’ancien palais épiscopal, à deux pas de la cathédrale, dans la bonne ville de Tours (Indre-et-Loire).

Pour dire la vérité et dissiper les interrogations qu’a pu faire naître l’incise gérontophile dans la phrase précédente, le palais est devenu le Musée des Beaux-Arts de la ville et quand j’écris « Adèle Denouille », je ne parle pas d’une personne vivante mais d’un tableau exposé en icelui et peint par Léon Bonnat (1833-1922). Mlle Denouille est née en 1864 et décédée en 1919.



Si j’ai engagé des frais et programmé un séjour d’une semaine dans la ville natale de Balzac – je suis très honoré de savoir qu’il est né par là ! – c’est parce que, l’air de rien, Adèle Denouille est une autre cousine d’Isaure Chassériau, cette jeune fille habillée de rose à qui je voue un culte tellement inavouable que je m’abstiens parfois d’en parler et passe le plus clair de mon temps à lui offrir des masques, des visages de substitution afin qu’on ne la voie pas rougir de l’affection sans aucun doute malsaine que je lui porte.

C’est que, voyez-vous, l’âge m’étant venu, il serait plus facile aujourd’hui de me ranger dans la catégorie des vieux birbes pervers que des jeunes damoiseaux sottement énamourés.

Tout cela est la faute des fleurs de l’églantier. Elles sont là en nombre sur le portrait d’Isaure, encadrant son visage, fixant les macarons qui emprisonnent sa chevelure, trônant sur son corsage, embaumant sans doute aussi son corps sage. J’ai appris samedi dernier que le faux-fruit de cet arbuste se nomme cynorhodon et qu’il contient, outre le vrai fruit, du poil à gratter !

Il devait en traîner un peu dans l’atmosphère le jour de 1997 ou 1998 où je croisai la route d’Isaure pour la première fois car depuis, comme la guitare pour Yves Duteil, ça me démange de rêvasser autour des jeunes filles mortes, de leur réinventer une vie plus gaie que celle qu’elles ont connue, de leur rendre le sourire, de leur donner d’autres atours, de leur offrir une famille et des amis, un oncle Camille bistrotier, des frères Park, un boulot de journaliste, des cousines au Louvre, à Châlons-en-Champagne, Lille ou Tours. C’est ainsi que moi-même, de mon vivant, je suis devenu « l’oncle Joe », le tonton farceur, l’histrion de Rennes de madame Lia !



Il y a quand même, dans ce cousinage entre Isaure C. et Adèle D., quelque chose d’indéniable : ni l’une ni l’autre ne sait quoi faire de ses mains quand elle prend la pose en habit de fête devant le vieux peintre et celui-ci – cher brave Léon, chère adorable canaille d’Eugène ! – a bien du mal à rendre crédibles les épaules de son modèle.

Peut-être parce qu’elles en manquaient toutes les deux ? Ou que, comme l’écrit Aragon,

« Tout changeait de pôle et d'épaule
La pièce était-elle ou non drôle ?
Moi, si j'y tenais mal mon rôle
C'était de n'y comprendre rien »

J'aurais bien posé la question à Jean Royer, l'ancien maire de Tours, mais depuis qu'il est devenu portier d'hôtel, il n'émet plus aucun avis sur la nudité de ces dames !



Louis Bistouille (Défi du samedi n° 867)


Je ne suis pas ici pour raconter ma vie mais il se trouve que moi aussi j'ai eu vingt ans. C'était il y a... pas mal de temps même si, dans ma tête, c'était juste hier ! C'est à cet âge-là que j'ai quitté ma famille du Pas-de-Calais pour aller vivre à Paris où j'avais un travail dans une grande et belle institution nationale.

Mais le pays de la bistouille, j'y retournais tous les week-ends pour faire de la musique avec mon frère et mes potes d'origine polonaise. Enfin, quand je dis musique, c'est vite dit. Du bruit, plutôt, au grand dam de mon grand-père qui, le samedi après-midi, essayait de faire sa sieste alors que "ça faisait du ramdam dans la cave". Le groupe s'appelait "Les Araignées malades" et méritait bien son nom ! Et pourtant personne ne mettait de genièvre de Loos dans son café ! J'ai essayé ça "pour voir" bien plus tard, une fois, et je n'ai vraiment pas trouvé ça très bon !

J'ai retrouvé dans un dossier jaune la version tapée sur ma vieille machine à écrire Underwood de cette chanson de Chuck Berry, "Johnny B. Goode" que j'avais traduite, trahie ou plutôt adaptée... en ch'ti et intitulée "Louis Bistouille".

Comme disent les joueurs de manille, vous n'allez pas y couper !






P.S. L'illustration du fichier Soundcloud a été récupérée ici où elle illustre une chanson sur la bistouille du poète du Crotoy Ferdinand Poidevin. J'avais également enregistré de mon côté, sur cette autre page, l'image qui sert de support au Défi n° 867 !



Le Cold case de l'oncle Tom (Défi du samedi n° 866)


Parfois je me pose – ou on me pose - des questions idiotes.

Un atome de brebis vaut-il un atome de chèvre ?

Combien y a-t-il de boules dans l’atomium de Bruxelles ? Qui lance le cochonnet ?

Est-ce que le fait de penser « atome sweet atome » est révélateur du fait que vous êtes un être casanier ?

Y a-t-il une rime plus riche à "atomique" que "comique" à part "astronomique", "gastronomique" et "économique" ? Vous dites ? "Saint-Jean Chrisostomique" ?

Cela dit ne cherchez pas ailleurs qu’au restaurant « gastronomique » l’illustration du fonctionnement « économique » du monde : les portions sont atomiques et le prix est astronomique. Et c’est tout sauf comique !

Une aencyclopédie est-elle bien un adictionnaire en plusieurs atomes ?

Si O+O= la tête à Toto, est-ce que 0,12 + 12 égalent la tête à Tom Cruise ?

Un certain nombre d’individus naturellement loboatomisés sont présents sur cette planète. Est-il besoin de citer leurs noms, sachant qu’ils sont aussi, par nature, très procéduriers ?

Que diffuse un atomiseur aux Etats-Unis ? L’odeur des pins de Disneyland depuis qu’il y a des droits de douane exorbitants sur la senteur lavande – et pourtant elle est de Pro-Vance ! - ?

Si votre banquier ne lave jamais sa chemise pourquoi donc iriez vous chercher ne serait-ce qu’un atome de bon sens auprès du crédit à gris col ?

Soit. Il y a donc atome.
Il y atome Novembre, le frère de Charlélie Couture.
Il y atome Bonbadilom, une chanson de Jacques Higelin.
Il y atome Newman, le producteur de Tubular bells de Mike Oldfield.
Il y atome Sawyer, le héros de Mark Twain, compagnon de Huckleberry Finn.
Il y atome et Jerry qui jouent au chat et à la souris.
Il y atome Mix le cow-boy.
Il y atome be la neige, tu ne viendras pas ce soir.
Il y atome my, l’opéra-rock des Who.
Il y atome Simpson, le cycliste mort sur les pentes du mont Ventoux.
Il y atome as Pesquet la tête dans les étoiles.

Mais qui peut me dire pourquoi j’ai retenu le nom de Dame Harriet Beecher Stowe ?

Qui se trouve derrière un ensemble d’îlots à lagon et devant un homme qui manque de tonicité suivi d’un animal qui vit sous terre et du couvre-chef d’un cuisinier ?

Facile, ça ! Dans le dictionnaire, c’est l’atome, précédé de l’atoll et suivi de l’atone, de la taupe et de la toque !

Est-ce que c’est d’avoir tout ça dans la tête, surgissant à partir d’un seul mot, qui m’empêche de dormir ?

Est-ce que je n’aurais pas mieux fait d’enregistrer tout simplement la « Java des bombes atomiques » de Boris Vian ?

A cinq heures du matin ? Pour réveiller tout l’immeuble ? Vous voulez qu’on m’assomme à coups d’atome ahawk ou quoi ?




Un peu de bon sens, les gars, les filles ! (Défi du samedi n° 865)

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Tant pis si ça vous ennuie ou si vous en faites tout un plat mais moi je me FLATte d’être platiste ! Oui, je crois, comme disait Mireille Mathieu, je crois que la Terre est plate. 

Alors le zénith, je veux bien. Il suffit que je lève la tête et j’aperçois, au-dessus de ma tête, à la verticale ou presque, le soleil, mon ange gardien, celui qui permet à mes journées d’être lumineuses et joyeuses alors que je suis entouré, comme tout un chacun, par des smombis lugubres et des complotistes qui voient des sphères partout ! Sans parler de tous les haineux de la fachosphère, des accros du billard et des fous du ballon rond qui discutent coût des transferts et insultent les mères cathos !  Ça confirme que rien n’est carré et que, à part le soleil autour de nous, il y a des choses qui ne ne tournent pas rond, dans notre système ! Pas moyen de faire disparaître tous ces fous dans le triangle des Bermudes ! Il faut faire avec et s’abriter d’eux dans son monde parallèle. 

Le zénith, oui, d’accord mais votre histoire de nadir « point du ciel à la verticale de l'observateur, vers le bas » vous pouvez vous la remballer ! Il faut laisser les fondements aux proctologues et les fondations à Isaac Asimov qui croit lui aussi à un système solaire avec des hallucinées de Lisieux en boule de loto mais tout le monde sait bien que c’est de la science-fiction, Asimov et Cie  ! Rien de crédible dans tout ça ! Est-ce qu’on vit avec des robots qui respectent une éthique aujourd’hui ? Non, bien sûr ! Alors ?! 

Vers le bas de l’observateur, c’est simple, il y a le bas de notre planète une partie de l’atmosphère-atmosphère qui a un peu la gueule d’atmosphère de La Varenne mais en moins fatalitaire, routinier tout au plus. Une fois que le soleil qui s’est levé en Sibérie vers 5-6 heures du matin, s’est déplacé d’Est en Ouest au-dessus de notre parallélépipède rectangle et a terminé sa course à l’ouest de l’Alaska sur le coup de 22 heures, tout le monde va se coucher et lui aussi. Il se laisse glisser sur le toboggan, il décline lentement dans cette partie du ciel qu’on appelle la soute parce que c’est un endroit tout noir et, au bout de la nuit, après un sommeil réparateur, il remonte tranquillement à l’échelle, comme le Nounours de « Bonne nuit les petits » au son de « Que ne suis-je la fougère » et vient pointer le nez à droite de la carte pour réchauffer Oymyakon et nos os endoloris par le froid et la vieillesse. Je dis ça comme ça pour la beauté du geste littéraire mais de fait, je ne souffre de nulle part, Docteur ! 



Le Nadir – c’est un prénom arabe ou quoi ? -, personne ne l’a jamais vu, celui-là et on n’a pas intérêt à creuser trop profond ce concept ni à l’aller voir en rejouant « 20 000 lieues sous les mers » ou « Voyage au centre de la Terre » ! C’est ce que j’ai dit hier à Donald Duck qui me serinait encore « Drill, baby, drill ! », ce qui signifie « Tais-toi et creuse » ou « Toi, tu creuses ! ». Il y va un peu fore de café, quand même, le fondu à la mèche ! J’apprends ce matin que, pour compenser l’absence de travailleurs-esclaves pauvres mais immigrés, il veut envoyer des enfants de cinq ans travailler dans le mines ! Réveillez-vous, Victor Hugo et Jean Ferrat !



Surtout, à force de s’enfoncer de plus en plus profond dans le magma, il arrivera un jour où on arrivera de l’autre côté, dans la piaule du soleil ! Crois-moi, il ne vas pas aimer ça, l’Apollon du belvédère ! Pour peu qu’il pleuve à verse ce jour-là ou que les océans se déversent dans le trou noir, inondant son matelas de flotte pleine de plastique, il va nous rejouer Boucle d’Or et les Trois ours ! Si tu touche à son grisbi ou à son frisbee, sa vengeance va être terrible, au Grizzly ! Ça va chauffer pour nos fesses !

Vous, je ne sais pas, mais moi je sais bien que ça ne me plaira pas qu’on touche à ma zénithude !




Yakuza un vieux coup de fatigue ! (Défi du samedi n° 864)

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1

Il y a plein de judokas

Qui s’affrontent sur le tatami.

 

Il y a plein de jolies geishas

Avec des kimonos de soie.

 

Elles pratiquent l’ikebana,

Taillent et retaillent le bonsaï.

 

Refrain 1

Et puis arrive le samouraï,

Serviteur du pire de l’Empire,

Briseur de révoltes,

Pilleur de récoltes,

Heikegani honni que l’on rejette à l’eau !

 

 


2

Il y a plein de lolitas

Qui s’trémoussent au karaoké.

 

Il y a une palanquée d’ados

Qui se retrouvent au dojo

Pour pratiquer l’aïkido,

Le judo, le jiu-jitsu

Et donnent du sashimi à leur tamagotchi.

 

Avoir des tas de yens rend zen,

On n’a plus à s’faire de sushis

Mais on voit très peu de Rennais

Suivre l’indice Nikkei sur leur laptop aux Lices.

 


 

Refrain 2

Et puis arrive le yakuza,

Criant « Banzaï ! »,

Qui défouraille,

Qui tire dans le tas

Comme s’il était un samouraï

Des temps modernes

Chargé d’occire les mangakas

Aux dessins de camions si ternes.



 

Moi aussi, Pépé le moka,

Je préfère Taka Takata

Mais je n’en fais pas tout un plat !

On ne discute pas goûts et couleurs,

On n’assassine pas les bobines !

Je ne transforme pas Mishima

En yokitori cuit vapeur

Ni Akira Kurosawa

En miso à l ‘hémoglobine !

 

3

Lorsque les sakura sont blancs

On joue au go ou au shogi,

On sudokute,

On Paramounte au mont Fuji

Les yeux tout scintillants d’étoiles

D’avoir aimé Miyazaki !



 

Il y a des sumos gavés de tofu,

Des tortues Ninja qui prennent le maki,

Des karatékas qui ne cassent pas des briques

De bons acteurs de kabuki

Et des actrices qui disent « No » ;

Le haïku, jugé trop long,

Est remplacé par l’émoji !

 

Refrain 3

Et puis arrive le tsunami !

Hokusai n’est plus notre ami !

Mac Mahon vous l’avait prédit :

« Kendo ! Kendo ! »

Et Marguerite l’avait écrit :

« Faites barrage au Pacifique ! 

Il fond comme un vautour,

Causant dégâts catastrophiques,

Pires qu’Hiroshima, mon amour ! ».


 

4

Il y a des vieux bonzes qui prient,

Les yeux sur la porte shinto

Où pendent les kakemonos

Sur lesquels des fans ont écrit

« Que soit honnie Yoko Ono ! »




 Il y a des tas de gamins qui plient

Des papiers de couleurs jolies

Pour fabriquer des animaux

Et faire un zoo d’origamis.

 

Refrain 4

Et puis voilà Fukushima qui se ramen

Et plonge le pays dans la peine,

Le nucléaire qui nous rend verts 

En rejetant l’eau chaude à la mer !

 

Mais pourquoi donc autant de haine

Au pays du soleil levant ?

Franchement !

Yamamoto Kakapoté ?

Yamonoto Kadératé ?

Hirohito Katrépassé ?

Fujimori Kékondamné ?

Le Pérou n’est plus c’qu’il était ?

 

Tout cela ne donne qu’une envie :

Si tu veux demeurer en vie,

Si tu ne peux plus saké les cons,

Redeviens Hikikomori 

Et fais comme le cousin Gaston !

 

Allonge-toi sur ton futon,

Relis tes vieux Hara-Kiri

Et souris si, à l’occasion,

Tu parviens à kamikazer

Dans ton Défi du samedi

Tous les mots du logorallye !

 

Le Syndrome de la lettre x (Défi du samedi n° 863)



- Non mais allô, quoi ? Au secours, le FBI ! Il y a un phénomène étrange qui est arrivé sur le Défi du samedi. Il faudrait que les agents très spéciaux, Dana Scully et Fox Mulder, viennent enquêter ! Ça se passe sur la proposition de Défi n° 863.

- Un instant, Monsieur, je me connecte pour vérifier. Vous appelez bien à propos de X-files ?

- Oui, c’est ça, X-files.

- Je ne vois rien d’anormal ou de paranormal là-dedans.

- Comment ça, rien de paranormal, là-dedans ? Vous vous fichier de moi ou quoi ? J’ai vérifié : ça ne fait référence à rien d’autre qu’à la série télévisée américaine !

- Oui, bien sûr. X-files est bien une série télévisée américaine de science-fiction en 218 épisodes de 43 minutes, fondée par Chris Carter et diffusée entre le 10 septembre 1993 et le 21 mars 2018 sur le réseau Fox. Et alors ?

- Comment ça, « Et alors ? » ? Ça veut dire qu’il y a de la porosité entre les deux mondes séparés ! Ce thème n’a rien à faire là. On n’a pas le droit de nous demander d’écrire sur ce sujet-là !

- Et pourquoi donc ?

- Mais enfin si on commence par accepter ça, vous vous rendez compte de ce que ça implique ? Bientôt on va nous demander d’écrire sur « Bureau des légendes », « Doctor Who » « Thierry la Fronde » « Zorro » « Raspoutine ». Et pourquoi pas « Talleyrand » « Gérard Depardieu » ou « Pie VII » ?

- Je ne comprends pas, Monsieur. Vous désirez porter plainte ? Contre qui ? Contre quoi ? Voulez-vous bien décliner votre identité ? Je transmettrai vos griefs à notre service contentieux.

- Larousse Pierre, lexicographe. On n’a pas à mélanger les noms propres et les noms communs dans un dictionnaire ! Et puis tant qu’à faire, j’aimerais que vous enquêtiez sur la disparition des pages roses.

- C’est fait, ça, Monsieur. Le latin a été déclaré langue morte par décret de l’empereur Donald 1er le 12 août 2025. De plus l’augmentation des droits de douane de 200 % sur tous les objets de couleur rose en provenance de l’étranger et même du sol américain fait que nous manquons de papier de cette couleur. De là l’interdiction d’utilisation de ce coloris.

- Mais on est en France, ici ! Cela ne nous regarde pas, Thierry !

- Vous rigolez ou quoi ? La sécurité est mondiale, nous sommes vos protecteurs, nous décidons ce que bon nous semble pour l’ensemble de la planète. Votre demande d’intervention est rejetée.

L’Intelligence artificielle raccroche. Sa voisine du standard, madame Lia 238682 lui demande :

- C’était quoi, cette fois ?

- Encore ce foutu syndrome de la lettre X. Il y en a toujours qui pètent les plombs quand le vocable proposé n’appartient pas aux deux cents mots qu’ils ont dans leur vocabulaire courant !





Wifigénie en bolide ? (Défi du samedi n° 862)

Je crois que si le mot « wifi » était sorti sur le Défi du samedi l’été dernier pendant mes vacances en camping, je ne serais pas allé demander et encore moins acheter le code wifi qui me permet de faire mon intéressant sur cet atelier d’écriture !

C’est que, voyez-vous, même après avoir lu la notice de madame Wikipe consacrée à ce phénomène mi-scientifique, mi-administratif, je ne comprends toujours rien à toute cette machinerie qui me permet d’aller pondre des bêtises jusqu’en Outre-Quévrain, de dialoguer avec des Clermontoises, des Corréziennes, des Drômoises, des Varoises, des Lannionnaises et même jadis avec des Américaines alors qu’avec mon voisin de palier, c’est zéro échange tout au long de l’année. Il faut dire aussi que nous sommes seuls sur notre palier et que, de toute façon, vu la gueule qu’il a et la violence des échanges qu'il  propose, je préfère traverser ce monde réel incognito et silencieux, quasi cloîtré dans mon amour du gambit Rousseau, de mon épouse volante, de la musique et de l’écriture partagées, de la photographie de ville, du vélo et des tableaux de Giorgio De Chirico !

 


C’est pourquoi je remercie l’oncle Walrus de perpétuer la tradition des photos sur lesquelles écrire pendant la saison d’été du défi. Cela me permettra peut-être d’aller demander un code Wifi à Madame Adélaïde au camping de Faux-la-Montagne si on y retourne cet été - c’est en bonne voie, de fait ! -.

Un dernier détail amusant : chez nous le code qui permet d’avoir accès au réseau Wifi c’est quelque chose comme « unesourisvertequicouraitdanslherbe ».

Comme c’est mon fils préféré qui a configuré le truc, je suis bien content qu’un peu de notre fantaisie à lui transmise (par wifi ou par code génétique?) transparaisse quelquefois derrière sa barbiche de geek ayant pignon sur rue !




Le Cyclope de "Penny Lane" (Défi du samedi n° 861)

 

"Oh dis, c’est loin l’Amérique ? Pas assez encore, ces temps-ci !"


Si tu as besoin d’une duchesse,

D’une liseuse, d’un banc d’église,

Si tu rêves que je le menuise

Je crois que tu t’es trompé d’adresse :


Je ne sais pas manier la varlope !

Moi le boulot, je le salope.

Je ne sais pas jouer du couteau,

Le résultat ne sera pas beau.


Je suis aussi nul en meuleuse

Qu’en ponceuse ou en scie sauteuse.

Il faudrait que tu te lèves tôt

Pour me voir coincer dans l’étau


Autre chose que la sainte bulle !

Moi je tiens des conciliabules

J’accouche sur le confident

La conversation des clients.


Je ne connais rien au rabot,

- Demande plutôt à un robot ! -

Question maniement de la bédane

Je mérite le bonnet d’âne


Mais je suis poète de cour

Je fais dans le bonheur du jour

Et je cisèle mon boulot

En usant du tarabiscot.




Si tu as besoin d’une armoire,

D’un lutrin ou d’un écritoire,

D’un rocking-chair, d’un canapé

D’un montauban, d’une chaise percée,


Demande plutôt à Pénélope,

La dame au long cou d’antilope :

C’est la patronne de la boutique.

Certes, elle n’a pas l’air sympathique,


Elle est bien souvent d’humeur noire

Mais faut connaître son histoire

A la boudeuse bonnetière :

Son bonhomme parti à la guerre


Perdit le chemin de la chaumière

Et pendant dix ans la bergère

Fidèle à son cadet d’Gascogne

Fit ceinture côté gigogne !


L’autre avait dépassé les bornes

Et sur les bords de la Riviera

- Calypso Circé Nausicaa -

Lui avait fabriqué des cornes.


Retour la goule enfarinée

Avec le chien assassiné

Pas un cadeau dans ses valises !

Il ne faut pas non plus dépasser les balises !


Elle ne souhaitait plus faire tapisserie

Elle l’a trucidé un beau soir

D’un coup de fauteuil trémoussoir.

Et l’a plié dans la penderie.


Sur le lit de justice un maître du barreau

N’a pas laissé de bois les membres du jury.

Et moi qui n’ai qu’un œil et vendais des lits clos

J’ai trouvé du boulot dans sa menuiserie.


Allez, venez, je vous introduis !


- Patronne ! Monsieur, psychanalyste,

Recherche un récamier pas triste ?


- On a un modèle belge. Est-ce que ça vous séduit ?