Nez de banane ! (Défi du samedi n° 888)


J’avais vraiment la baraka
La dernière fois que j’ai joué au canasta
Avec le Dalaï Lama.
Il a misé l’Annapurna et sa cabane au Canada.
Abracadabra ! J’ai fait une razzia !


Je suis donc devenu les dernier des nababs :
J’ai des puits de pétrole dans tout l’Alabama
Des casinos à Las Vegas
Et des hôtels dans l’Arkansas
Qui font que je suis plein aux as ;

J’ai des maisons de passe au Kamtchatka
Des stations de ski dans le Sahara
Et bientôt une riviera à Gaza.

J’ai investi dans l’industrie du sparadrap,
Du cautère sur la jambe de bois,
De l’intelligence à la noix
Des fake-news auxquelles donner foi,
De l’outrance, de l’éclat de voix

Mais en fait rien ne va !

Le joueur de balalaïka
Que j’ai reçu en Alaska
Ne m’écoute pas !

Jamais je n’obtiendrai
Le prix Nobel de la paix !

Les faucons sont de vrais cons
Et tous les étrangers cuisinent dans des woks !

A quoi ça sert d’être nabab
Si c’est pour se faire traiter de « nez de banane »
Par les singes perchés dans les baobabs ?

Alors ce matin, nom de nom,
J’ai pris la bonne décision :

Je rachète le Tibet aux Chinois,
Je rappelle le Dalaï Lama
Pour qu’on rejoue comme autrefois
A la canasta sans enjeux
Dans un monastère près des cieux !

J’avoue : j’étais bien plus heureux
Lorsque j’étais simple nez d’boeu(f) !






Une Coquille en héritage (Défi du samedi n° 887)




Heureusement que je me suis intéressée, un temps, à la généalogie de ma belle-famille ! Même si je ne l'avais jamais rencontrée, je savais que la tante Emmanuelle était la soeur de la mère de mon mari, François Homais, et qu'elle approchait de l'âge canonique de cent ans. Ça ne servait pas à grand chose, mais quand ce matin là, le téléphone a sonné et que le notaire, après s'être présenté, m'a annoncé avec les précautions d'usage que « ce matin, Emmanuelle Bovary est morte », ça ne m'a pas causé un grand choc et je savais « dekikikozé » comme écrivent mes petits enfants.

Maître Corboz, c'était là son nom, a poursuivi sur un ton quelque peu sentencieux :

- Elle a tenu à ce que tous ses neveux et nièces assistassent à ses funérailles qui auront lieu à Marcilly le lundi 1er septembre à 15 h 00 à l'Église. Toute la famille se réunira ensuite à 17 h 30 en mon étude, sise numéro 9, le bourg, pour l'ouverture du testament.

- Très bien, maître, je vais en parler à mon mari, nous y serons peut être.

- Soyez y sûrement ! Ne pourront hériter que les membres de la famille présents lors de la lecture de cette pièce.

- Bon, ben d'accord, nous y serons sûrement.

Mon mari, François Homais, est le troisième d'une lignée de cinq enfants. Il est le seul garçon, situé en position trois, au milieu de quatre filles. Ils exercent tous et toutes une profession médicale. François est pharmacien, son père était médecin, certaines de ses sœurs le sont ou l’étaient aussi.

La tante Emma était infirmière. Elle est restée célibataire toute sa vie et on ne sait par quel biais elle se trouvait dotée, à l'heure de son départ en retraite, d'un joli capital qui ne cessa jamais de fructifier et qu'elle convertissait avec un goût certain, paraît-il, en mobilier de luxe. Nous-mêmes, installés dans une sous-préfecture prospère d'un département dynamique, nous ne manquons de rien, sans doute en vertu du très célèbre ruissellement macronien qui assure une belle prospérité à tous les gens de bien qui ne sont pas rien.

Mon mari n'entretient que peu de rapports avec ses sœurs, neveux et nièces et encore moins avec ses tantes perdues de vue. Voilà pourquoi j'ai été bien étonné de l'entendre me répondre, à l'annonce du décès, « OK ! Lundi, je me fais remplacer à la pharmacie et on va à Marcilly. C'est où ce bled ? ».

J'ai consulté Google et Google Maps. J’ai vu que c'était dans la Manche, donc en Normandie et j'ai rempli un sac de vêtements. Comme le temps là-bas est toujours à la mode « p’têt’ ben qu’oui, p’têt’ ben qu’non » j’ai embarqué nos capes de pluie en supplément de vestes et parures plus légères et pas trop colorées. C'était un enterrement quand même.


- Tu n'appelles pas tes soeurs pour proposer un covoiturage ? ai je demandé naïvement à mon mari.

- Et puis quoi encore? Elles habitent à différents endroits de la périphérie de Rennes et l'aînée - comment se prénomme-t-elle déjà ? Ah oui, Isabelle - a un labo à Trébeurden. Je ne vais pas faire du ramassage scolaire en plus ! Qu'elles se débrouillent entre elles si elles veulent !

Cela va faire quarante-cinq ans que je suis mariée à cet ours ! C’était juste proposé de mon cœur mais, de fait, je n'attends plus de miracle de ce corps... médical.

***

Le lundi matin, nous voilà donc partis revoir la Normandie de Stone et Charden. Le paysage est très vert, preuve qu'il pleut quand même encore par ici malgré ces stupides rumeurs de dérèglement climatique. Enfin, je parle de la partie juste avant Avranches, quand on prend la Départementale 976, après l'A84, qu'on passe à Launey, Ducey-les-Chéris et qu'on arrive... dans ce village minuscule où il n'y a même pas un café ou une auberge !

- Qu’est-ce qu’elle est venue faire à s'enterrer dans ce patelin ? peste déjà François. Où est-ce qu’on va grailler ?

On trouve justement une place sur le petit parking en face du cimetière, on descend. Pas un chat ! On pousse jusqu'à l'église : fermée ! Pas d'avis mortuaire, rien ! On cherche la mairie sans la trouver, il n'y a pas de nom aux rues, elles s'appellent toutes le bourg apparemment. Un panneau rouge indique qu'il faut partir à gauche pour la trouver mais il n'y a que des pavillons d'habitation tout le long de la route.

Au carrefour vers La Boulouze on aperçoit une personne de sexe féminin et dotée d'une brouette. « Une naine de jardin vivante ! », comme dirait mon François dans ses bons jours. Sans le savoir, elle fait office de représentante de l'humanité sur cette planète désertique.


- Madame ! Madame ! intercédé-je, nous cherchons la mairie ou l'étude de maître Corboz et nous voulons nous assurer que nous sommes bien au bon endroit pour la sépulture de Madame Bovary.

Tête ahurie de la Schtroumpfette. Je parle le charabia dans le texte ou quoi ?

***

Bon, OK, j'ai tout faux ! Il n'y a pas de notaire ici, il n'y a pas de Emma(nuelle) Bovary à habiter par ici. Et dans un pays nourri de crème fraîche et de doutes permanents, personne ne peut mourir tout à fait ni concevoir que cela puisse se faire.

François rage comme jamais ! On rentre à F.

***

Cette histoire m'intrigue. Le notaire n'avait pas l'air d'un plaisantin. Et qu'une centenaire décède fait partie des probabilités envisageables en ce bas monde. À la fin du repas improvisé, je monte dans le grenier où sont rangées les archives de la famille Homais. Ce nom de Marcilly me dit vaguement quelque chose.

Dans la boîte des photos d'enfance des sœurs Bovary, Emmanuelle et Madeleine, je trouve celle d'une église qui ressemble à un château fort, des clichés de gamines en robe blanche sur un bateau ou sur le port de La Rochelle, l'image d'un écrivain qui dédicace des livres. 


A tout hasard, je retourne la photo de l'église et je lis « Marsilly 1934 ».

Marsilly ! Marsilly avec un « s ». Après vérification cette ville se trouve en Charente-Maritime. Wikipédia m'apprend que Georges Simenon y a vécu entre 1932 et 1934. Est ce que j'en parle à François ? Est-ce qu'il est prêt à se fader 3 h 20 supplémentaires de bagnole à fond la caisse pour arriver à 17 h 30 chez le notaire et entendre le beau ramage de Maître Corboz ? Il est déjà de très sale humeur comme ça. Je choisis de ranger la photo dans la boîte où il ne met jamais le nez et de me taire pour toujours sur cette erreur due à une homonymie. Fin d'une drôle d'histoire.

***

Quelque temps après cependant, j'ai quand même téléphoné, en cachette, à ma belle-sœur Isabelle, celle qui habite à Trébeurden et qu'on n’est allés voir qu’une seule fois chez elle en quarante ans. Elle a fait le déplacement au bon Marsilly, celui avec l'église-château fort. Elle a vu le plumage du notaire, plutôt déplumé de fait tant il était "old school". 

On n'a rien perdu : tous les neveux et nièces sont déshérités. La Tatie a fait don de ses biens aux apprentis orphelins d'Auteuil-Neully-Passy ou une association de ce genre-là. François aurait été furieux d'apprendre ça, de voir que pour une fois, ça ne ruisselle pas dans son escarcelle. Moi, je suis rassurée sur la bonne marche du monde : si les célibataires s'occupent des orphelins, c'est qu'il n'est pas si mal fait que ça, finalement !


P.S. Ne trouvant guère de ressemblance du cliché walrussien avec les images de Google-images, je me suis retrouvé ici grâce à Google-recherche-par image :



Cette coquille des "Bidochon" m’a donnée l’idée de ce quiproquo !

Dix-sept kilomètres et cinq-cents mètres en deux versions (Défi du samedi n° 885)

 

On s’était perdus.

Ou plutôt on nous avait perdus. Pas de balise sur le chemin forestier, une bifurcation à droite alors qu’il fallait poursuivre tout droit...

Bref on était perdus.

A force que je dise, en le faisant exprès, une bêtise par phrase, On n’écoute plus jamais ce que je dis, même quand c’est la voix de la Sagesse qui parle à travers ma bouche.

« Bien fait pour ta g… !» me susurre-t-elle à l’instant, la voix intérieure. La Sagesse est malpolie et emploie des verbes dont l’orthographe est compliquée vu qu’ils ne s’écrivent pas comme ils se prononcent.

- C’eût été bien mieux de descendre par la route départementale n° 3. Il faisait beau et chaud, il y avait très peu de circulation et on arrivait tout droit au village de Faux-la-Montagne où nous avions établi notre campement de base.

Mais On ne m’a pas écouté.

***

Bien entendu, on aurait pu raconter les choses autrement :

Publié le 22/08/2025 à 12:00
Le Petit écho de la Creuse

Sous un soleil éclatant qui apportait une note encore plus colorée à cette cérémonie de passage en perdition du 1er Régiment d’investigation pédestre (RIP), un parterre de feuillages de toutes couleurs et de différentes essences d’arbres et de nombreux animaux sauvages discrets dont Martine Mouetterieuse, représentant la municipalitailée, Alain Byrinthe, maire de La Queue du Tour, et le commandant de gendarmerie Rubarré s'étaient réunis autour de la petite clairière d’Ouskonédon dans la forêt du Colonel Légaré sur la base de Faux-la-Montagne.

***

En plus c’est On qui avait la carte.

Quand on est sortis de la forêt on a trouvé une route. Un petit pont passait par-dessus un gros ruisseau canalisé. On a mis du temps à comprendre qu’on était sur la Départementale 85, entre La Sagne et la bifurcation vers Bessat, là où la carte indique l’altitude de 715 mètres. Alors on a cherché l’entrée du chemin blanc qui permettait de retrouver la D 3 un peu après le point « altitude 758 ».


- Et merde ! qu’a commenté la Sagesse. Va falloir remonter en plein cagnard !

Ce fut effectivement assez interminable. Pendant que je suais ou prenais des photos de la flore ambiante On galopait devant.

***

Continuons le récit parallèle. En moi habite la Sagesse mais loge également la Fantaisie surréaliste et collagière !

Le général de brigade Lafeuillade, commandant la 11e brigade perditionniste présidait à ce dernier hommage rendu par les hommes du 1er R.I.P. à leur chef, le colonel Bonnet. Cette journée exceptionnelle était toute empreinte d'émotion et de pas perdus pour tous ces militaires qui, en deux ans, avaient appris à connaître et à estimer cet ancien « scout de France », figure de proue d'un régiment d’ibis railleurs et de moules nébuleuses. Clodoaldien d'origine, il est passé par trois fois à la base de Faux-la-Montagne : 1983, 1990 et 2001 où il avait pris le commandement du 1er R.I.P. avant de rejoindre désormais Redon en tant que chef de bureau logistique au commandement de la force d'évacuation des souks parentéraux. Chevalier de la Légion d'horreur et chevalier dans l'Ordre national du J’hérite, le colonel Bonnet a participé à plusieurs campagnes d’égarement : Vallée de l’Inferno près Charleville-Mézières en 2018, fabrication de pro-thèses pour les chevaliers paysans du lac de Paladru en 2015, plateforme multimodale d’Oignies en 2012, Puy-de-Sancy sous la pluie en 1978 et Sahara algérien en 1975 (opérations dites de la rue de la Soif).

Pour lui succéder, le colonel Blanchon arrive de Coëtquidan où il assumait les fonctions de professeur de groupe au diplôme de fausses cartes d'Etat-Major puis rédacteur au centre d'examen et d'enseignement extérieur des défèque-niouzes. Ce Parisien d'origine, lui aussi chevalier de la Légion d'horreur et chevalier dans l'Ordre national du J’hésite a deux campagnes à son actif : l’Italie où il fut blessé à la bataille de Solféo-Torino en peignant un faux drapeau monégasque sur l’arbre d’un propriétaire irascible qui ne l’entendait pas de cette oreille et l’Egypte d’où il ramena le nez retrouvé du sphinx de Gizeh et un obélisque magique permettant de vérifier que tout concorde dès qu’on a mis les choses en place.




***

De fait le soir au camping tout rentra dans l’ordre.

- Quelle importance qu’On se perde si tu es perdu avec elle ? a pondu la Sagesse. Que vous ayez marché dix kilomètres ou dix-sept kilomètres cinq-cents, le monde entier s’en contre-fout. Pendant que vous avez fait ça, au moins, vous avez foutu la paix aux Ukrainiens et aux Gazaouis ! Non ? »

Je n’ai pas répondu : j’étais mort de fatigue.



***

Après la prise d'oreiller et la fermeture des châsses eut lieu la passation aux bras de Morphée avant le défilé des ronflements bien guidé par les musiciens du 1er R.I.P que l'on ne cesse d'applaudir pour la qualité de leur prestation.


N.B. La trame originale de la version 2 se trouve ici :



En voiture, Simone ! (Défi du samedi n° 884)




« Karl Marx et Patrick Modiano, tu les vires par la porte, ils reviennent par la fenêtre ! ».

C’est très particulier de pondre une phrase comme celle-ci à partir d’une photo de tulipes et d’un vieux répertoire téléphonique ayant appartenu à Madame Gallinatcheva.

C’est bien sûr indépendant du fait que Fanfan la Tulipe, héros incarné à l’écran par Gérard Philipe (avec un seul p pour que la rime soit plus riche), était une idole dans les familles communistes des années 1950-1960. Nul n’est besoin de revenir là-dessus ni sur l’adaptation en bandes dessinées de cette histoire signée par Gaty et Nortier. C’était un très bon et bel acteur, immortalisé par Larousse (Petits classiques) dans son costume du Cid, pour qui même les bonnes bourgeoises avaient les yeux de Chimène.

Si Karl Marx repointe son museau c’est surtout à cause de la notion de transfuge de classe. C’est parce que ce tableau fait penser, d’emblée, à une décoration de chambre d’hôtel.


- Et alors ? demande notre ami François Fillon.

Alors l’hôtel et le restaurant, il n’y a pas mieux comme endroits, pour qui vient de la raffarinesque France d’en bas, pour se sentir, une nuit ou deux heures durant, à égalité avec le bourgeois, ne fût-il que petit.

***

Si Patrick Modiano sort, bien involontairement, de son silence de nobélisé, c’est que l’agenda de Mme Gallinatcheva nous plonge dans une époque révolue, celle où les numéros de téléphone ne comportaient que quatre chiffres.

On peut y lire ceci :

« Aiguebelette. Chez Michelon (Hôtel-restaurant) 73610 La Combe. Tél. 79 36 05 02 »

Figure également, à droite, à l’encre rouge, l’appréciation T.B. pour « Très bien ».


Si vous devez aller en Avignon le guide G. – appelons comme cela l’aide-mémoire gastronomique et logis-tique de Madame Simone ! – vous conseille :

L’Hôtel de Garlande 20, rue Galante tél 90 85 08 85

Un séjour en Tunisie vous tente ? Une étape aux îles Kerkennah vous agrée ? Essayez l’hôtel Cercina, 1 rue Sidi Fredj tél. 81 028 !

Si j'étais Patrick Modiano je vous recopierais ici tout le répertoire avec des liens vers les sites webs des hôtels qui, pour la plupart, existent encore !


- Et alors ? insiste l’ancien maire de Sablé-sur-Sarthe.

Alors Mme Gallinatcheva s’est bien transfugée ! Il y a dans ce carnet plus d’une centaine d’adresses dont certaines dans des villes très marquées « tourisme improbable » (Châteauroux, Bagnoles-de-l’Orne, Jalogny, Saint-Nazaire-le-Désert) mais aussi Djerba, Venise, Paris – quatre pages ! - et Tübingen.

Alors il y a aussi, ailleurs-partout dans la maison, des tonnes de photos, d’albums et de boîtes de diapos ramenées de voyages en Syrie, Pologne, Italie, Tunisie, Egypte…

Alors on ne prononce pas les mots « bilan carbone » dans la maison d’une dame décédée vu que les morts sont tous des braves types et que c’était la plus aimable des dames que le narrateur ait connues. De plus on a bien raison, toutes et tous, de profiter de la vie tant qu’on ne nous a pas démontré par A + B que « la mort c’est mieux ! ». L’intelligence artificielle pourrait peut-être répondre à cette question-là mais on a autre chose à faire ces temps-ci que de s’adresser à une machine plus ou moins idiote.

- Quoi donc, Joe Krapov ? Qu’est-ce que tu as de mieux à faire que de jouer aux échecs contre le « bot » de Lichess.org au niveau 4 qui n'est rien d'autre qu'une i.a. ?

- Rêvasser, m’interroger sur les "Bien, Assez bien ou Très bien"  qu’elle attribuait dans son carnet. A quoi s’appliquaient donc ces notes écrites en rouge ? A la literie ? Aux repas ? Aux prestations sexuelles de son amant du jour ? A l’ensemble ?

Peut-être cela ne concernait-il que la décoration de la chambre ! Combien aurait-elle mis au tableau des tulipes ?

Si c’est la bonne hypothèse, convient-il d’aller vérifier en Aguessac (Aveyron) si les murs du motel les Artys sont désespérément blancs et dénués de tableaux accrochés au-dessus du lit ? L’établissement n’a pas reçu de note.




***

Je ne saurais terminer ce billet fort irrespectueux envers ma belle-mère préférée sans mentionner deux souvenirs personnels récents.

Grâce à l’artiste Brigitte Baudère des lambeaux de papier peint - provenant peut-être de chambres turpitudesques -, très artistiquement assemblés entre eux, se sont trouvés exposés… dans l’église de Faux-la-Montagne ! Mais on est où, là ? !



Dans cet hôtel de Tours où on nous avait attribué, Dieu sait pourquoi, deux lits séparés, était-il bienséant de positionner au-dessus de nos couches cette peinture érotique à effet aphrodisiaque immédiat ?

OK, je sors !



Je roule pour vous ! (Défi du samedi n° 883)


Resituons les choses :

A. L’oncle Walrus a une fille. Celle-ci a eu l’idée sotte et grenue d’épouser un natif de Bretagne et de le suivre ou rejoindre sur la côte de granit rose, à Trévou-Tréguignec, près de la plage de Trestel, mais ne soyons pas trop précis car l’IA profiterait de notre science et moi je suis comme Michel Audiard qui disait «Je ne parle pas aux cons, ça les instruit».

B. Le témoin de mariage de Joe Krapov et Marina Bourgeoizovna se prénomme Anita et habite à Lannion dans une rue au nom imprononçable pour qui n’est pas un Bretonnant ou une Bretonnante (je mets des majuscules pour ne fâcher personne et surtout pas les Nantais·e·s).

Tant qu’à faire de visiter la famille et les amies dans les Côtes d'Armor, l’oncle et le neveu en profitent pour randonner, marcher, aller voir toutes les ressources touristiques du coin qui n’est pas un des plus moches endroits du monde.

Posons le postulat : on ne voit pas tous les mêmes choses.


Par exemple, ce menhir. En quarante ans de fréquentation des trésors du Trégor, à raison de deux ou trois séjours dans l'année, nous avons bien dû aller faire vingt fois le tour de l’Île grande, tout à côté, et donc être passés devant sans que je me souvienne de l’avoir photographié une seule fois !

Ce n’est pas grave, mon oncle Walrus roule pour moi et il nous fait cadeau cette semaine de cette photo compromettante : ce n’est certes pas Obélix qui a gravé ce symbole cruciforme en haut du bloc de pierre mais de braves croyants du XVIIe siècle qui ont cru bon de taguer-détourner-récupérer ce monument païen au profit d’une secte qui a plutôt bien réussi.

L’oncle Walrus roule pour nous ! Pierre-André Bourgeoizov aussi ! Lui c’est le grand-père paternel de mon épouse et il a fait la même photo entre 1935 et 1940. On y voit même, si on agrandit un peu, la représentation peinte de la passion du Christ. C’est fou de penser que le gamin en culottes courtes et polo blanc a aujourd'hui 97 ans !


L’air de rien, quelles que soient nos religions, on fait tous, sans même y penser, œuvre de partage communiste de nos souvenirs de voyage.

Petr Petrovitch Bourgeoizov, fils du précédent, est allé plusieurs fois à Venise. Sans vouloir critiquer, il n’a ramené que trois photos moches de l’île de Burano où j’ai, personnellement, amassé des tonnes de clichés de ce que je considérais être le plus bel endroit du monde.


Par contre lui est monté en haut du campanile de la place Saint-Marc et a donc ramené de magnifiques vues quasi-aériennes de Venise que je partagerai bientôt sur mon blog.

Moi qui me suis déplacé de cinq cents kilomètres cet été, que pourrais-je vous offrir cette semaine qui vous fasse penser que j’ai roulé pour vous ?

Tiens, restons dans cette ambiance très « peace and love » avec cette sculpture sur bois des bords du lac de Vassivière !


J’y ajouterai juste le tigre qui monte la garde dans le hameau de « Sauvazons la Plazanet » !





Les Trois Grâces (Défi du samedi n° 881)





La zythologie qui, rappelons-le, est la science de la bière, n’utilise pas le même vocabulaire que l’œnologie qui s’occupe du vin. D’un côté on dit jaja, de l’autre on parle de bibine ou de pipi de chat quand iel est tiré·e et qu’il faut le·la boire.

Plus que pour le vin on tient compte pour décrire une bière de sa couleur : blonde, brune, ambrée, blanche ou rousse.

Chacune a son caractère, peut vous mettre le coeur en goguette, être servie à la guinguette en quantité telle qu’en sortant vous marchez de guingois et avez quelquefois, le lendemain matin, une belle gueule de bois.

Il y a des gens qui ont le vin triste. La bière rend toujours gai sauf si un de tes parents se retrouve couché dedans. On parle alors de l’amertume de la bière. Ou de client ivre-mort.

On ne dira jamais d’une bière, comme on le dit d’un vin, qu’elle a de la cuisse, qu’elle est bien charpentée, qu’elle a du corps.

Et pourtant, oui, proclamons le sans peur, la Guinness est un peu épaisse ! La Desperados ne rend pas sac d’os ! La Grimbergen fait péter les gaines tout comme la Goudale désespère Scandale. On se sent vite à l’étroit avec une Stella Artois. La Leffe donne de jolis reliefs. La Pelforth rend les femmes fortes. La Pilsner Urquell laisse quelques séquelles. La Chouffe te donne un look de ouf. La Jenlain, bière de garde, fait que l’on te regarde.

Choisis ton carcan, camarade… anorexique !

Les trois Grâces que l’on voit ici assument de se faire mousser, la chope à la main, ou lèvent bien haut le mot « fière » avec leur verre empli de bière. Thalie, Euphrosyne et Aglaé sont les filles de Bacchus et de Vénus. Pour dispenser aux humains l’égalité d’humeur, la bonne grâce, l’éloquence, la joie de l’âme, la sagesse et la reconnaissance on n’a pas besoin de mettre les formes.

Mesdames, détestez les diktats de la mode ! Assumez la largeur de votre garde-robe ! Choisissez l’allure de votre valseur ! Détestez les faux derches qui inventent les normes ! Soyez rabelaisiennes, ubuesques, imposez leur l’hénaurme ! Soyez plus babas cool encore que Mama Cass !




Entrez dans les ordres mais dans vos ordres : choisissez d’être triple carmélites ou, comme ici, trois dra-gueuzes allant, biques, boire des bocks à la brasserie à s’en faire péter la brassière !

Tant pis si dans le Beaujolais un proverbe dit « prendre son lit pour une tirelire en mettant un gros soûl dedans » et si François Hardy vous invite à écouter de la musique soul à rouler par terre !

Il y a un point sur lequel l’œnologie et la zythologie sont d’accord : ce sont des liquides qu’il ne faut pas boire cul sec !

***

Voilà. J’ai fesse que j’ai pu. J’ai rebondi sur cette image des trois grâces en évitant peut-être le piège qui se trouvait derrière. Je ne doute pas que le texte produit par Vegas-sur-Sarthe sur ce même sujet aurait été plus truculent voire succulent. De mon côté je n’ai sans doute pas décroché la lune mais je pense que mon texte est resté séant et ne mettra pas plus que ça en pétard les dames qui écrivent et lisent par ici. Du moins l’espéré-je ou « l’asperge » comme je dis toujours quand on me demande de plancher en prose ou en vers sur une image qui représente trois femmes maigrelettes en train de se shooter au Mediator dans une forêt de bambous !






L'Horloge comtoise (Défi du samedi n° 880)





« Si tu n’as pas une horloge comtoise à cinquante ans, tu as raté ta vie ! ».

Je ne sais pas qui c’est ce gars-là qui a pondu ça mais à force de faire le Jacques et d’énoncer des sentences aussi idiotes à l’heure ou l’heure figure sur tous les téléphones et les ordinateurs, on voit bien qu’il n’a pas le sens pratique. D'un autre côté, certain des types à qui il a fourgué ses recettes se sont retrouvés entravés par un bracelet... électronique !

La pendule trône dans la salle à manger du nonagénaire. Elle a été achetée par son grand-père. Il y a une histoire concernant cet achat ou le trajet pour la ramener à la maison mais je l’ai oubliée.

C’est que chez ces gens-là, Monsieur, comme dirait un autre Jacques qui lui n’étais pas une brèle, on écrit mais on ne raconte pas sa vie… sauf à table.

C’est dommage. On a entendu plein d’histoires sur Louis de Funès, Achille Zavatta mais il n’y a pas de prescription quand il y a proscription : le fonctionnaire a un devoir de réserve et n’écrira pas ce qu’il sait.

On est assez d’accord sur le fond et sur le fait que les morts sont tous des braves types.

En attendant, tandis que la pendule au salon disait oui disait non, le temps a passé, les générations se sont suivies et ne se ressemblent pas. Tout ce qui s’est entassé dans un innommable désordre et dans les différentes pièces de cette maison, ça va nous rendre fous et folles.

Moi je ne suis pas ici pour raconter ma vie mais maintenant que j’ai vu « en vrai » la table du Dr Zigmund, je suis prêt à m’allonger sur son divan et à dire « J’ai mieux chez moi » : j’ai la sacoche de Marie-Louise, les deux boîtes de gelati Motta de Geneviève, les plaques de verre de Paul-André, sa boîte Alsace avec les mini-albums, le classeur vert, l’album rigide, la boîte archives, la boîte rouge, l’album rouge, l’album marron, les fiches perforées, la boîte marron, la boîte à chaussures Impulse…

J’ai descendu tout ça dans la loggia et sur mon bureau, histoire de retrouver les photos originales d’«Il était une fois» et de «Chemins d’enfance» et de me servir de tout ça pour présenter un de ces jours – EN NUMÉRIQUE ! - une photothèque rangée chronologiquement.

Comme dirait Fernand Raynaud, « Ça va prendre un certain temps ». La comtoise va encore faire sonner un certain nombre d’heures.

Comment ?

Ah oui, c’est vrai elle ne marche plus. On l’a gardée parce que chez ces gens-là, Monsieur, on ne jette rien : tout peut toujours servir !

Ne serait-ce qu’à pondre un billet pour le Défi du samedi !

Pas encore tout à fait amnésique. 18, Les Chiens (Défi du samedi n° 879)


Les gens qui ne se souviennent pas du prénom d’Alzheimer – Alois, tu parles d’un blase ! – n’ont pas à se poser cette question qui me taraude à chaque fois que j’ajoute un chapitre à cette entreprise quasi pérecquienne du bistrot-mémoire thématique : mais pourquoi est-ce que je retiens tout ça ? Ça ne sert absolument à rien !

Par exemple que le chien de l’oncle Walrus soit une chienne, s’appelle Câline et soit de race Jackie Russell, je ne peux même pas le placer dans une conversation par ici. Les Bretons que je fréquente se fichent pas mal de ce que j’aie de la famille virtuelle en Belgique, de ce que, ancien latiniste, je sache traduite l’expression « Cave canem » et du fait que j’ai passé mon enfance à lire chaque semaine « Vaillant le journal de Pif » le chien.

Que, dans ce chenil « quasi communiste », j’ai pris plaisir à découvrir le Gai-Luron de Gotlib, Pifou le fils de Pif qui ne s’exprimait qu’avec « Glop ! », « Glop glop ! » et « Pas glop ! », que Raymond Mas ait pris son autonomie pour faire vivre à ce personnage sans langage des conflits avec l’infâme Brutos dans des pages autonomes, qui s’en soucie ?



« Tout ça intéresse tout ça ! » me répond-on de la rivière Kwaï, Kwaï, Kwaï, onomatopée qui signifie qu’on a marché sur la lune et sur la queue du chien.

De fait, cette pop-culture là n’a plus cours. Toutes les choses ont une fin, sauf les saucisses qui en ont deux et si tu attaches ton chien avec, des saucisses, c’est beau, superbe et généreux mais ne t’étonne pas s’il part divaguer au parc des Carmes à La Flèche !


Les saucisses ont deux bouts et les spaghetti aussi. Si un même spaghetti tombe dans la gueule d’une belle et d’un clochard, pas de doute on est bien chez Walt Disney dans le film homonyme. Si tu trouves 101 dalmatiens dans ton séjour ou quatre bassets pour un danois, c’est la même punition-diagnostic !

Que serait Tintin sans Milou ? Que feraient Astérix et Obélix sans Idéfix qui les sort de la pyramide-tombeau dans « Astérix et Cléopâtre » ? Certes, Lucky Luke peut se passer de Rantanplan mais il manquerait quand même quelque chose dans l’histoire s’il n’était pas là, non ?

Le chien du Club des cinq d’Enid Blyton s’appelle Dagobert. Et comment dans l’original anglais ? Ils ont eu des rois fainéants aussi, les British ?

Le chien de « Sans famille » d’Hector Malot s’appelait Capi.

Je me souviens de « Youhou Rintintin ! », du caporal Rusty et du sergent O’Hara.


Je me souviens de « Non mais ! Oh ! Dis ! » envoyés au chien qui pisse sur le pot de fleurs en ouverture des émissions des Deschiens.


Je me souviens que le fox-terrier blanc de Nora dans « M. et Mme Détective » s’appelait Asta.


J’ai eu la trouille comme tout le monde en lisant « Le Chien des Baskerville » de Conan Doyle. J’ai eu droit au feuilleton « Belle et Sébastien » (d’après Cécile Aubry avec son fils Mehdi) avant que ça ne devienne un duo musical dont je n’ai jamais rien écouté.

Plus tard j’ai emmené mes enfants au cinéma « Le Palace » voir « Beethoven ». Ils ont ri, moi pas vraiment, je préfère l’arrivée du 3e mouvement dans le concerto de piano n° 4 (c'est à 25 ').

Dans la vraie vie le chien noir de mon grand-père s’appelait Micky, je ne l’ai pas connu et on a perdu la photo prise sur le seuil de la maison. Celui de ma grand-mère s’appelait Charlie, celui de mes beaux-parents Plouc et celui de mon frère Nobody. Celui de Mitterrand s’appelait Baltique. Ça nous fait bien des bosses et des belles jambes, tout ça !

On m’a raconté l’histoire de quelqu’un qui avait appelé son chien Sarkozy pour avoir le plaisir de pouvoir lancer parfois :« Sarkozy ! Au pied ! »

Je me souviens de « Combien pour ce chien dans la vitrine ? » de Line Renaud, d’« Azor » d’Arletty, de « Dites-moi ma mère pourquoi les chiens dans la rue se montent dessus », du chien devant le gramophone de « La Voix de son maître », de « Hey Bulldog » des Beatles. Clifford Simak a écrit « Demain les chiens ». Le chien de Jean de Nivelle se carapate quand on l’appelle. Les Saint-Bernard ont un tonneau de rhum accroché sous le menton. Mon partenaire musical dans le duo « Les Am’nez zique » s’appelle Monsieur Le Bichon. Jacques Bodoin donnait l’accent anglais à Pollux dans « Le Manège enchanté ».

J’ai failli oublier Boule et Bill, Cubitus, Pluto, Roquet Belles oreilles, Kador et Petit caniche qui n’est pas un chien mais le compagnon indien de Chick Bill de Tibet. Je n’ai toujours pas retrouvé la Mirza de Nino Ferrer et je passe sous silence ma passion pour Snoopy de Charles M. Schulz qui m’a valu d’être surnommé ainsi un temps par une douce jeune fille disparue aujourd’hui dans les limbes.

Voilà, j’ai posé ma balise Argos, je me sens « heureux qui comme Ulysse » mais mon voyage n’est pas fini : bon été à tout le monde ! Le conseil de la semaine sera : « Mangez sain, n’abusez pas du hot-dog, même s’il fait un temps de chien ! ».




C'est l'été, enfin ! (Le Défi du samedi n° 878)

 




Alors ? Ce Défi sur le molleton,

S’y colle-t-on ?


C’est que cela n’est pas coton

Par ces chaleurs que nous avons

D’aller filer des métaphores

En même temps qu’la lain’ de mouton !


C’est tentant de botter en touche,

De s’allonger sur le gazon,

D’y relire Franz Taffetas

Ou « Les Trois moustiquaires »

Voire de s’envoyer « Le Soulier de satin »

Plutôt que de broder

Sur Gabardine Martin,

Sur Richard Burlington,

Sur Popeline Carton

Ou sur Paul Desflanelles.


C’est vraiment très facile de chambray le patron :

Tranquille comme batiste

Il joue sur du velours

Rien ne l’interlocke

Et il rétorque à nos critiques

« Viscose toujours ! Tu m’intéresses !

 Tous les mots que je propose

Sont tissus du dictionnaire » !



Soie ! C’est un fait

Mais batik comme nous sommes

Après l’avoir piqué (le somme)

Nous sommes aussi capables

De mettre les voiles

Vers le soleil

De laisser la cretonne aux Bretonnes,

Les crêpes dentelles

Aux danseuses de tarentelles,

Le sergé à Pontoise,

La mousseline aux Yvelines

Les robes Vichy aux folles à(l)lier

La toile de Jouy aux Josassiens

Le madras aux foulards

Et Jersey à son île


Peut-être aurions nous dû

Placer ici comme défausse

La chanson « Mademoiselle Angèle ? »





Soyons sérieux :

Rangeons le molleton

Dans la malle aux tissus

Pour l’hiver

Et terminons par un conseil :


Il se peut qu’au rugby

Dame Caroline Loeb

Et chante, victorieuse,

« De toutes les matières,

c’est la ouate qu’elle préfère »


Si le coton est hydrophile,

Si la canicule vous épate,

Ne jouez pas les imbéciles,

Ne jouez pas les hydropathes :

Buvez de l’eau, gazeuse ou plate !

Lambrisons-là ! (Défi du samedi n° 877)





Chaque mot plus ou moins scientifique proposé par le maître du Défi est toujours l’occasion pour moi de faire voler encore plus bas « la fiente de l’esprit » d’après Victor Hugo, à savoir manier le calembour avec joie. « C’est comme les cochons », ajouterait Jacques Brel.

C’est que voyez vous, je n’ai jamais posé de lambris à Meaux. Et de mon ignorance en matière de lambricolage, je ne vais pas faire tout un fromage. Tout le monde a ses limites. Je connais un dentiste qui ne sait pas jouer au lambridge. Marcel Proust n’a jamais compris pourquoi les éditeurs lui disaient : "Écrivez plus lambrièvement » !

Dans « Les Lambrigands » d’Offenbach y a-t-il quelque chose d’étonnant à ce que les carabiniers arrivent toujours en retard ? Surtout en sachant que Georges Moustaki n’a jamais lambrigué autre chose qu’un hamac !

Je ne suis pas du genre à aller sur les lambrisées des contempteurs énervés. Je tolère tout ! Peut me chaut que Lambrigitte Macron soit LGBTQIA+WXCVBN ! Ce n’est pas grave si Jane Birkin était lambritannique, ça avait son charme.

Les idées politiques de Lambrigitte Bardot, je m’en fiche comme de ma première robe Vichy ou de ma première bouteille de lambrillantine !

Qu’elle agite sa loque à poussière, sa serpillière ou sa wassingue en Belgique ou dans les Hauts de France, que la gueuse lambrique ou pas, ce n’est pas mon problème !

L’important c’est que c’est l’été, les vacances : je vais enfin pouvoir bosser pour moi seul… ou ne rien faire. Je vais même peut-être aller réemprunter à la bibliothèque le DVD de « Lambrigadoon » !

Exister une fois tous les cent ans et avoir la paix le reste du temps, voilà qui me plairait bien aussi !





Musique funéraire pour banc de crevettes (Défi du samedi n° 876)




Vaste lueur sépulcrale,
Avant de nous trouver
Bouffés par de plus gros,
Plus voraces que nous

Laissez nous, - pauvres krills ! -
Nous souvenir, tranquilles,
Des pauvres barcarolles
Du temps de notre enfance !

Ne nous accablez pas
De vos karaokés
Où toujours caracolent,
Sinistres cas d’école,
Aznavour et Sardou
Qu’il nous est dur d’entendre !

Dies irae, dies illa !
Pas plus d’îles lointaines
Que de filles alanguies
Ou de colliers de fleurs
Ni même de couronne
Là où Neptune trône !

Nous refusons qu’on nous emmène
Au son d’« Hallelujah »
De Leonard Cohen
Dans le ventre de la baleine
Qui reprendrait à perdre haleine
L’heureux frein de notre existence
Décliné en lyriques stances
Auxquelles, parmi notre troupeau,
De fait, personne n’entend mot !





Écartez l’Amant de Saint-Jean !
« C’est du passé, n’en parlons plus ! »
Si, justement !
Nos funérailles et puis antan !

S’il n’y a plus d’après
A Saint-Germain-des-prés
C’est que c’était bien mieux avant,
Quand nous étions enfants,
Rêveurs, adolescents,
Métèques inconscients,
Simples amis de Georges
Et de son vieux Léon
Porteur d’accordéon.

Laissez Françoise Hardy
Et son amie la rose
L’espace d’un matin
Disserter sur les choses !

Faites taire toute parole
Et toute voix de casserole !

S’il s’agit de trouver sommeil
Dans cette immensité marine
Je ne sais plus pure merveille,
A l’instant tragique où l’on clamse,
Que la petite berceuse de Brahms
Aux sonorités cristallines.




S’il s’agit de dire « Et puis zut !»
Empruntons cet air de « La Flûte » :
Les clochettes de Papageno
Feront danser les bigorneaux !


Elles sont à 3 h 13 ' et 40 "

S’il faut s’abstenir de querelle
Et reconnaître l’existence
D’une culture télévisuelle
- Pauvre dernier lien entre nous ! -

Entrant au monde du silence,
Conjuguons, à bouche fermée,
A l’indicatif de l’absent,
Les mélodies de Vangelis
- Ben oui, le Papathanassiou ! -
Puisqu’il s’agit tout là-dessous,
Dernier récif à la Rossif,
D’apocalypse d’animaux

Ou, un peu au-dessus de ça,
S’il faut plonger en transparence,
Cet air, bien plus de circonstance,
De la matrice Thalassa !