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Pas tout à fait encore amnésique. 13, Jaune

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 ​ C'est entendu, nous sommes tous des hommes - et des femmes - de couleurs. Il y a des peaux-rouges, des xanthodermes - si, si, c'est ainsi-si qu'on appelle celles et ceux qui ont la peau jaune -, des noirs qu'il ne faut surtout pas appeler nègres, des Mexicains basanés, des bronzés qui font du ski ou pas, des blancs qui ne le sont jamais tout à fait et si Elon Musk va sur Mars, nul doute qu'il y rencontrera des petits hommes verts. Les xanthodermes, pour ne parler que d'eux, nous en font voir de toutes les couleurs. Leur peau est jaune mais le petit livre des Chinois est rouge  comme l'Orient de leur premier satellite et pour les Japonais c'est le rond sur fond blanc de leur drapeau qui flamboie. On a beau vivre en France ou en Belgique, c'est à dire quand même assez loin de l'Asie, on en trouve partout, des xanthodermes. Il y en a dans "Le Lotus bleu", un album d'aventures dessinées d'un célèbre petit reporter belge et a

99 dragons : exercices de style. 82, Jargon échiquéen

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 ​   - Bien sûr, si tu veux monter une attaque Saint-Georges il faut que ton adversaire qui a les noirs ait développé son fou en fianchetto.   - ???   - Il faut qu'il ait avancé son pion en g6 et mis son fou en g7 pour contrôler la grande diagonale a1-h8. Cela se produit quand il applique la défense Pirc ou yougoslave, la défense moderne ou bien évidemment la variante du dragon de la Sicilienne. - ???   - La variante du dragon de la défense sicilienne (1.e4 c5 2.Cf3 d6 3.d4 cxd4 4.Cxd4 Cf6 5.Cc3 g6) a été nommée ainsi en raison de sa férocité et de sa ressemblance avec la constellation du dragon. Son code ECO est B7X : très analysée, elle occupe à elle seule les références B70 à B79, soit une cinquantaine de pages de l'Encyclopédie des ouvertures d'échecs (quatrième édition). La variante du dragon semble être l'une des plus vieilles variantes de la défense sicilienne ouverte. Elle aurait été baptisée variante du dragon en 1901 à Kiev par le maître russe Fiodor Dou

Se battre contre son grenier (Défi du samedi n° 835)

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Lui, je l’ai reconnu tout de suite : le beffroi de Bruges !   Je me suis souvenu de lui sous un autre éclairage et pour cause : c’était la nuit et c’était après la pluie. Sur ma photo les lampadaires fabriquent d’étonnantes étoiles et c’est peut-être ça aussi la photographie : écrire avec de la lumière le monde autrement qu’il n’est vraiment, arrêter le temps sous forme d’une image rien qu’en déclenchant. Sur une autre de mes photos le beffroi apparaît plus blanc mais bon, c’était il y a trente et un ans et la pluie ne fait pas que laver les bâtiments. Même si elle ne tombe que très peu en Bretagne, elle n’est utile qu’aux jardins. Elle ne saura pas m’expliquer, cette noyeuse de François Hollande et gâcheuse de cérémonie d’ouverture, pourquoi j’ai retrouvé au grenier, dans mon dossier « Dix sonnets à la gloire de Bruges », des tirages photographiques sur papier couleurs d’après diapos que j’ai dû reproduire à nouveau pour mon projet : les photos en question ne sont pas dans les qua

See Emily play (Défi du samedi n° 834)

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 ​   Il y en a une qui est limonade et l’autre qui est plutôt Coca ? Laquelle préfère la salade de tomates aux macaronis assaisonnés de bon pesto ? Il y en a une qui est banane et l’autre préfère l’ananas ? L’une aime le judo – bienheureux tatami ! - et l’autre le dada – encore un tour de manège ! - ?   Laquelle est agile ? Laquelle est véloce ? Toutes deux vives et malines ? Toujours prêtes à rire et à voyager ? Il y en a une qui préfère lire et l’autre qui aime mieux aller au ciné ?   Laquelle appelle le plus souvent Grand-père pour qu’il lui serve de taxi ? Ont-elles vu « Pépé le Moko » ? «Ont-elles lu « Nana » de Zola ? « Lolita » de Nabokov ? « Madame Bovary » ? Ou ne lisent-elles qu’Amélie N. ? Astérix, Obélix et Idéfix les font-ils rire de façon égale toutes deux ? Ont-elles aimé « Charade » de Stanley Donen avec Audrey Hepburn et Cary Grant ? Ont-elles été choquées par la Cène sur la Seine aux J.O. de Paris ?   Voudront-elles, plus tard, un mari, des b

99 dragons : exercices de style. 81, Sévèrement siglé

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  -  S.O.S. ! S.O.S. ! Convoquez une A.G. ! Rameutez la BAC ! Appelez les C.R.S. ! Alertez le P.C. de Rosny-sous-Boa ! Prévenez le Q.G. ! La D.R.H. sur le pont ! Le P.D.G. au rapport ! - Qu'est-ce qui se passe encore, père Mathurin ? - La S.D.F. est de retour ! - Encore cette Saleté de Dragon Fumant ? Nous sommes maudits ou quoi ? C'est inscrit dans son A.D.N. de revenir périodiquement nous emmerder à celui-là ? Il croit peut-être qu'il va avoir droit à une H.L.M., des A.P.L. et qu'il aura droit aux allocs de la C.A.F. ? Pourquoi pas un P.E.L. pendant qu'on y est ? *** Bien évidemment, comme le dragon revient pour la 81e fois, le processus de déroute administrative est constaté avec un certain flegme par S.A.S. le régent du royaume de Lybie, Mohamed Ben Selakata, dit MBS. C'est son premier ministre ou plutôt son grand vizir, Damir "Siouper" Kheutar, dit D.S.K., qui lui fait le point sur la situation : - La moitié de la soldatesque est en R.T.T., l'

Le Couvreur (Défi du samedi n° 832)

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 ​ Il vient d’arriver une tuile au Couvreur. La tuile en question a la forme d’un courrier officiel de la ville de Colmar. Son contenu est déstabilisant au possible pour tout individu doté d’un minimum de sens esthétique. C’est un peu comme si Léonard De Vinci recevait ce message : « Monsieur,   En raison des jets de concentré de tomate de plus en plus fréquents sur les tableaux de notre musée, nous avons pris la décision de recouvrir de pâte à pizza la vitre qui protège votre portrait de Mona Lisa dite La Joconde. Cordialement » La formule d’impolitesse montre que la missive est un e-mail. Si Leonard avait donné son 06, il eût reçu un SMS et ce n’eût pas été mieux. *** Il vient d’arriver une tuile au Couvreur. Notre couvreur s’appelle Sébastien Mast. A vrai dire il est plus architecte et artiste plasticien que couvreur. C’est sa belle-mère, Solange Odonte, qui le surnomme ainsi, « Le Couvreur ». C’est à la suite d’une longue réflexion à partir des sols de la ba

L'ÉTÉ MEURTRIER

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Lorsque les frères Montecciari descendaient sur la place, sur le coup de six heures, faire leur partie de pétanque, c’était à chaque fois comme si le village engourdi par le chant des cigales se réveillait d’une trop longue sieste estivale. Des volets s’ouvraient, des gens sortaient de chez eux et venaient s’agglutiner à l’ombre des platanes, les caquetages des commères reprenaient mais c’étaient surtout les porteurs de gapettes et de marcels, les individus de sexe masculin qui venaient assister à la joute boulistique. Ce n’était pas parce que Pin-Pon, Mickey ou Bou-Bou jouaient comme des chefs qu’on prenait une heure de son temps pour suivre les évolutions de huit boules et d’un cochonnet sur le gravier. C’est surtout que le garagiste-pompier, l’aîné, Florimond, qu'on surnommait Pin-Pon, venait de se marier avec Celle-là, une estrangère de vingt ans d’âge, jolie comme un coeur, le coeur sur la main et qui faisait copain comme cochon avec tous et toutes, même avec Mademoiselle Die